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titre que les autres. Il n’est pas un simple relais sur le trajet de l’excitant, c’est-à-dire une station où l’agent nerveux serait à peine retardé et pas du tout transformé : celui-ci, en réalité, peut y subir une multiplication énorme. Une excitation minime est capable, dans l’hémisphère cérébral comme dans les organes fonctionnels véritables, de provoquer un déploiement d’énergie considérable.

Est-ce à dire que l’assimilation, presque universellement acceptée, de l’écorce cérébrale aux autres centres soit une erreur absolue ? Non, sans doute ; elle est seulement un anachronisme. C’est en se distinguant des véritables centres que le cerveau arrive à l’existence : en devenant, si l’on veut, un centre perfectionné, il cesse d’être un centre réel. Il n’est plus, comme celui-ci, au milieu du cycle d’excitation : il est soit à un bout, soit à l’autre. Il enchaîne deux cycles d’excitation ; il relie un réflexe parti du monde extérieur à un réflexe qui y retourne.

Ces points admis, on peut reconnaître les analogies très réelles que les anatomistes et les embryogénistes ont mises en lumière et qu’ils ont seulement outrées. On peut admettre que les centres constituent un cerveau virtuel ; que, toute disposition organique qui relie la sensibilité au mouvement, — ou, pour parler plus rigoureusement, qui enchaîne une action partie du monde extérieur à une action qui y retourne, — est un rudiment de cerveau et son activité un rudiment d’intelligence et, enfin, que : dans la série animale, ces rudimens peuvent arriver à leur forme achevée, par une gradation insensible. C’est dans ce sens que l’on peut dire avec M. Soury que l’intelligence est la fonction des faisceaux et des fibres d’association ou, d’une façon plus générale, de tout dispositif nerveux qui enchaîne l’excitation émanée du monde extérieur à celle qui y est renvoyée.


IV

Après avoir montré comment l’activité spéciale du cerveau se relie au type général des activités physiologiques nerveuses, il faut se demander comment les unes et les autres peuvent intervenir pour réaliser la solidarité, c’est-à-dire le fonctionnement synergique des diverses parties de l’organisme.

Ce consensus des parties, but final et objet propre du système nerveux, est rendu possible par suite de la propriété qu’il possède