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psycho-motrice (neurone moteur central) ; et le cycle se termine dans un organe fonctionnel ordinaire, tel que le muscle. Le cerveau se comporte, cette fois, à la façon d’un organe sensoriel initial, point de départ ordinaire du cycle réflexe d’excitation. L’incitation motrice remplace, ici, l’agent physique, excitant habituel des appareils sensoriels. Son rôle dans le fonctionnement physiologique de l’économie est tout à fait comparable à celui des stimulans sensoriels, tels que la lumière, excitant adéquat de la rétine ; la vibration sonore, excitant approprié de l’organe auditif ; le contact ou la pression, excitans de la surface sensible cutanée.

Toute l’histoire physiologique de l’hémisphère cérébral tient dans la connexion de ces deux réflexes enchaînés l’un à l’autre. Ils sont, d’ailleurs, parfaitement conformes, l’un et l’autre, au type général des cycles réflexes ordinaires, à cela près que, dans l’un, c’est l’écorce cérébrale qui intervient, par l’une de ses parties, comme organe terminal fonctionnel, et que, dans l’autre, il se comporte, en une autre de ses parties, comme un organe initial sensoriel. L’un des avantages les plus appréciables de cette manière d’envisager les choses est de permettre de ramener tous les actes nerveux physiologiques à un type unique.


III

L’unification des manifestations nerveuses avait été essayée de bien des manières, mais toujours sans succès, par suite d’une erreur qui a été commune aux anatomistes, aux embryogénistes et aux psycho-physiologistes. La méprise a consisté dans l’assimilation trop étroite de l’hémisphère cérébral aux centres nerveux encéphalo-rachidiens.

Les psycho-physiologistes s’étaient efforcés de montrer que le fait de conscience est susceptible de présenter tous les degrés de développement, et qu’il accompagne l’activité de tous les centres nerveux véritables. Dans le simple réflexe médullaire de la grenouille excérébrée, E. Pflüger n’hésita pas à apercevoir « une manifestation de la conscience rachidienne ; » et Vulpian ne fut pas loin d’accepter l’existence d’une conscience bulbo-protubérantielle, déjà moins rudimentaire. Leurs successeurs signalèrent une série continue de transitions permettant de passer insensiblement de la réaction motrice purement automatique au