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et leurs influences réciproques. Ce seront les mêmes lois, les mêmes relations, les mêmes enchaînemens qu’il suffira de transporter de l’autre côté du fossé, dans le domaine psychologique, pour éclairer le fonctionnement de l’âme.


L’incitation volontaire qui termine la série des actes psychiques nous ramène enfin dans le pur domaine de la physiologie. L’activité matérielle des centres psycho-moteurs de l’écorce cérébrale, qui répond au phénomène psychique de la détermination volontaire, va devenir le point de départ d’un nouveau cycle nerveux d’excitation. Un nouveau message téléphonique sera lancé, qui, à travers un centre, aboutira à un organe fonctionnel, le muscle par exemple, et aura pour résultat l’exécution d’un mouvement. L’excitation part de la cellule cérébrale psycho-motrice, comme tout à l’heure elle était partie d’une surface cutanée sensible, ou de tout autre organe sensoriel ; elle n’arrive à sa destination, c’est-à-dire au muscle, qu’après un relais obligatoire comme tout à l’heure encore, dans une station intermédiaire, c’est-à-dire dans un centre encéphalo-rachidien.

Il résulte de ces explications une conception du fonctionnement du cerveau, de l’écorce cérébrale, qui est très importante pour la théorie et qui eût été inintelligible sans ces détails. L’activité cérébrale se développe entre deux cycles d’excitation enchaînés. Elle est le terme de l’un et l’origine de l’autre. Elle se manifeste par deux sortes d’actes extrêmes. L’un de ces actes appartient au cycle nerveux qui débute dans un organe des sens ou dans la peau, et il termine ce cycle : il consiste dans une mise en branle de la cellule psycho-sensitive (neurone sensitif central), et, par elle, de tout le mécanisme cortical, avec ses conséquences psychiques. Le cerveau se comporte ici à la façon de tout autre organe fonctionnel terminal, c’est-à-dire placé habituellement à l’extrémité d’un cycle d’excitation. Il fait ce que ferait le muscle, provoqué à l’action par l’excitation nerveuse qui lui parvient et qui réagit suivant sa nature, c’est-à dire par une contraction musculaire. De même ici, l’écorce cérébrale, sollicitée à l’action par l’excitation stimulatrice, fonctionne suivant sa nature et déroule le tableau des phénomènes psychiques.

La seconde espèce d’acte cérébral appartient à un cycle nerveux qui débute par l’incitation volontaire : celle-ci, ou plutôt l’ébranlement matériel qui l’accompagne, vient solliciter la celIule