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de Marseille, en présence du roi Robert, de la reine Sancia, et de Clémence de Hongrie, reine de France, le cerveau du saint qui fut, dit-on, trouvé intact, et un morceau de son bras qui s’était tant de fois levé pour la bénédiction, furent précieusement emportés à Naples. Le roi de Sicile donna la première de ces reliques à l’église royale de Santa-Chiara et conserva l’autre pour sa chapelle de Castel-Nuovo. Le cerveau de saint Louis d’Anjou fut enfermé dans un magnifique reliquaire en forme de buste, auquel Sancia donna l’une de ses propres couronnes. Il est inutile de chercher aujourd’hui dans les deux sacristies de Santa-Chiara le buste fondu et ciselé à la ressemblance du fils de Charles II. Dès le règne de Jeanne Ire, cette pièce d’orfèvrerie, précieuse entre toutes, suivit le sort de tant d’autres : elle fut remise en gage à trois armateurs génois. Et Dieu sait, avant de tomber au creuset, dans quelles autres mains elle aura passé !

Quant au reliquaire qui contenait le bras de saint Louis de Toulouse, il s’est conservé, et c’est au Louvre qu’il repose, en pleine galerie d’Apollon. Les curieux ne regardent guère, dans la vitrine où il est exposé près des orfèvreries de la maison de France, ce bras reliquaire d’une forme assez commune et d’un bon travail italien, qui fut donné au Musée en 1892 par Mme Spitzer, la veuve du célèbre collectionneur. Le cylindre de cristal de roche qui renfermait la relique est maintenu par quatre colonnettes d’argent ; au-dessus, une main d’argent doré qui fait le geste de bénir sort d’une manche courte, émaillée aux armes d’Aragon et d’Anjou. On lit sur le poignet l’inscription suivante : Hic est os brachii sancti Ludovici episcopi. La base qui supporte aujourd’hui le reliquaire est plus récente : elle est décorée d’écussons en losange aux armes d’Aragon, de Castille et de Léon. Tel quel, l’objet appartenait, il y a peu d’années encore, au couvent espagnol de Medina del Campo. J’ai pu établir, de la manière la plus authentique, où ce reliquaire a été exécuté, pour qui, à quelle date.

Il a passé, dans la vente de la collection Spitzer, un autre bras reliquaire, de même provenance que celui de saint Louis, et qui portait les mêmes armoiries espagnoles sur la base, les mêmes écussons angevins sur la monture ; l’inscription qui bordait la manche attestait que ce reliquaire avait été fait pour un morceau du bras de saint Luc. La main qui surmontait le cylindre de cristal tenait entre ses doigts la plume avec laquelle l’apôtre avait écrit son Évangile. Or, on peut savoir par un acte