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elles-mêmes en deux catégories, comprenant : 1° des mesures urgentes et temporaires en vue du maintien de l’ordre public ; 2° des projets de loi d’ordre général devant avoir un caractère définitif, sur la protection des services publics, sur la presse, sur le droit de réunion et d’association, sur l’instruction publique, sur la « militarisation » du personnel de certains services publics. De cet ensemble de projets répressifs, les premiers devaient être l’origine de la législation provisoire de 1898-1899 ; les seconds, celle de la législation définitive, ou censée telle, mise en vigueur par le décret-loi.

Cependant, malgré l’émotion causée par les troubles récens, une opposition très vive se forma dans le Parlement contre les projets de M. di Rudini, jugés trop restrictifs de la liberté. L’âme en était M. Zanardelli. La discussion ne durait pas depuis deux jours, que M. di Rudini s’apercevait qu’il n’échapperait pas à une défaite. Or, dans ce cas, non seulement ses projets eussent été condamnés en bloc ; mais, chose plus grave à ses yeux, le roi eût été obligé d’appeler au pouvoir M. Zanardelli et la Gauche. Pour parer à ce double danger, il recourut à un expédient fréquemment employé en Italie : il donna sa démission, avec tout le cabinet, avant la fin de la discussion, afin d’empêcher la Chambre d’émettre un vote (28 juin). Cette nouvelle crise fut d’une solution plus difficile que la précédente. M. di Rudini, qui semblait être passé maître dans l’art de remanier indéfiniment son cabinet tout en en restant le chef, dut, cette fois-ci, abandonner le pouvoir. La situation semblant exiger un gouvernement fort, non seulement pour faire adopter la législation projetée, mais aussi pour l’appliquer, le roi confia la tâche de constituer le nouveau cabinet à un soldat, le général Pelloux. Le 29 juin, le nouveau ministère était constitué, et, le 4 juillet, il se présentait au Parlement. Il maintenait, en en demandant le vote immédiat, les mesures urgentes et temporaires de M. di Rudini, non sans leur avoir fait subir certaines atténuations ; il « réservait » à un examen ultérieur les projets devant avoir un caractère définitif ; enfin, il renonçait purement et simplement aux projets économiques du gouvernement précédent. Quelques jours suffirent au Parlement pour discuter et voter les mesures urgentes et temporaires. Ce fut la loi du 17 juillet 1898, qui devait rester en vigueur jusque 30 juin 1899. Cette loi votée, le Parlement s’ajourna sine die. Peu après, à la surprise générale, un décret royal, portant la