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cours est si constant, quelques vicissitudes et révolutions qu’il puisse y avoir, où la grandeur de Dieu paraisse davantage et soit capable de nous faire élever l’esprit humain, quand tout est bien pesé et examiné comme il faut. »

Dans cette libre enquête sur le passé, Peiresc mettait une conscience scrupuleuse à vérifier les textes, à les éclairer par les commentaires les plus judicieux. Son esprit avait besoin de précision et de clarté. Aussi attachait-il un soin particulier à tout ce qui concernait les questions de mesure chez les anciens. Les mesures du temps, de l’espace, les mesures de capacité, de poids et la valeur comparative des diverses monnaies aux différens âges, firent durant toute sa vie l’objet de ses préoccupations. Il avait eu la joie d’acquérir un calendrier constantinien, aujourd’hui perdu, mais qu’il envoya, sur sa demande, au pape Urbain VIII et que Rubens aurait vivement désiré avoir en communication. Pour les mesures de capacité, il avait réuni dans ses collections un grand nombre de vases, de coupes et de cuillers en métal, trouvés dans des fouilles faites en Provence, et il cherchait constamment à se procurer des dessins très soigneusement cotés de récipiens analogues trouvés dans d’autres contrées, pour en comparer entre elles les contenances. Son cabinet n’était pas moins riche en poids ou en monnaies de tous les temps et de tous les peuples. Jaloux comme il l’était d’apporter dans ses observations l’exactitude la plus complète, Peiresc se tenait au courant des découvertes qui, à cette époque, venaient de prolonger la portée de notre vue, soit en rapprochant de nous par le télescope les astres les plus éloignés, soit en grossissant, à l’aide du microscope, les plus petits objets pour mieux en étudier la forme et la structure. Comme Pascal, comme Huygens, il avait le pressentiment des merveilles que ces lunettes ainsi perfectionnées devaient nous révéler dans la composition de l’univers ; comme eux aussi, il se sentait attiré par la mystérieuse poésie de ce double infini dont l’immensité ou la petitesse, tout en nous apparaissant toujours plus merveilleuses, se déroberont toujours à nos investigations.

Les sciences exactes, celles qui sont régies par les nombres et, en particulier, l’astronomie, passionnaient Peiresc. Il avait de bonne heure suivi les travaux de Galilée et applaudi à ses découvertes. La vallée de Belgentier, étroite et resserrée entre des montagnes assez élevées, ne lui permettant pas de découvrir une étendue de ciel suffisante, il s’était fait construire à Aix un