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1 000, 2 000 mètres ou davantage. On dresse ainsi la carte bathymétrique de la région considérée donnant, comme pour les cartes terrestres dressées par courbes isohypses ou d’égale altitude, une idée très nette du relief du terrain. Enfin, pour rendre encore l’image de ce relief plus frappante, il est d’usage de passer sur les aires isobathes une teinte bleue unie, d’autant plus foncée que leur profondeur est plus grande.

L’usage de ces cartes se répand de plus en plus. Elles constituent la véritable base sur laquelle s’appuiera dans la suite toute étude d’ordre statique ou dynamique des phénomènes de la mer.

Il en existe plusieurs qui font autorité, — cartes générales, bien entendu, car les cartes de détail construites de cette façon sont innombrables. Je mentionnerai parmi elles les planisphères dressés à l’occasion de la campagne du Challenger, par le Dr John Murray, et qu’il a tenus au courant des découvertes récentes, la belle carte allemande de l’Hydrographisches Amt ; celle de l’océan du Nord, due au professeur Mohn, de Christiania, à la suite des campagnes du Vöringen ; celles de la Méditerranée orientale et du nord de la Mer-Rouge, d’après les sondages de la frégate autrichienne Pola, et d’autres encore. Chaque jour ces documens se perfectionnent, et il serait à désirer que, dès à présent, on commençât en une série de feuilles séparées, une carte d’ensemble du lit océanique sur le globe entier. L’œuvre serait incomparablement plus simple, plus aisée et plus rapide à exécuter que la grande carte géographique au millionième, dont le projet a été préconisé, pour les continens, par le professeur Penck. Cependant les conclusions du savant géographe de Vienne ont fait l’objet de discussions sérieuses pendant le récent congrès international de géographie de Berlin. Il n’y a pas lieu d’entrer ici dans l’examen de ce projet de carte océanique, mais on ne saurait méconnaître l’intérêt et l’utilité d’un pareil document. Ne serait-ce que par suite de l’énorme développement du réseau télégraphique sous-marin, sous l’impulsion de nécessités d’ordre industriel ou militaire, la première moitié du siècle prochain ne s’achèvera pas sans que l’œuvre ne soit accomplie, publiquement ou secrètement, au moins en Angleterre, et elle sera terminée bien avant la carte continentale.


J. THOULET.