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fond. Il n’est plus besoin de s’inquiéter de la courbure prise par le fil et qui trouble beaucoup l’évaluation de la profondeur.

L’appareil consiste en un tube cylindrique de verre, long d’environ 75 centimètres, large de 2 ou 3 millimètres, fermé à l’une de ses extrémités et ayant été préalablement rempli d’une dissolution de chromate d’argent qui, après dessiccation, laisse un enduit rouge. Le tube, son extrémité fermée tournée vers le haut, est attaché au-dessus du plomb dans un étui métallique percé de trous, afin de donner accès à l’eau. Immergé, rempli d’air, quand il est à 10 mètres de profondeur environ dans la mer, la pression exercée réduit de moitié le volume de cet air, d’après la loi de Mariotte ; l’eau monte à la moitié de la hauteur du tube et change la couleur du chromate, qui mouillé, devient jaune. A mesure que le tube descend, l’air contenu est comprimé davantage et l’eau s’y élève plus haut en décolorant le chromate. Lorsque le tube, après avoir été au fond, est remonté, il suffit de mesurer la longueur décolorée pour connaître la profondeur atteinte.

En dépit de quelques inconvéniens, parmi lesquels celui de ne donner d’indications précises que pour de petites profondeurs, le sondeur Thomson est employé à bord de la plupart des bateaux à vapeur parce qu’il peut, grâce à la finesse du fil d’acier qui fend l’eau, servir sans qu’il soit nécessaire d’arrêter la marche du navire. D’ailleurs ces bâtimens ont moins besoin de mesurer des profondeurs que de s’assurer, dans des parages inconnus et par temps de brunie, que le fond n’est pas trop près de la surface, Ils cherchent à déterminer une zone de sécurité. Dans ces conditions, aucun appareil ne saurait le remplacer, et son usage, encore plus généralisé, éviterait bien des sinistres.

Un autre appareil, le bathomètre Siemens, offre le précieux avantage de n’exiger ni ligne, ni plomb ; il n’est même pas nécessaire de le mettre à l’eau. On se borne à l’installer à bord et à l’observer pour être informé de la distance du fond au-dessus duquel on se trouve. Le principe de sa construction est l’attraction exercée sur une masse de mercure contenue dans un tube très étroit, par la colonne d’eau, de densité sensiblement égale à l’unité, comprise entre le navire et le fond de la mer, continuée par la colonne terrestre, de densité à peu près cinq fois aussi forte, comprise entre ce fond et le centre du globe. La densité moyenne totale varie suivant que la colonne d’eau est plus ou moins haute et