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Ceylan n’est point, comme Java, une île volcanique, quoi qu’en aient dit d’anciens voyageurs qui prétendent y avoir vu des volcans actifs. On y trouve bien quelques faibles traces d’activité volcanique, telles que des sources d’eau chaude, ou des basaltes qui affectent quelquefois l’aspect de la lave, mais on n’y a jamais constaté de phénomènes éruptifs, ni même de tremblemens de terre. C’est dans le voisinage du pic d’Adam que le système montagneux présente les soulèvemens les plus considérables, leur hauteur variant entre 1 800 et 2 400 mètres. Ces montagnes sont constituées de roches cristallines stratifiées, parmi lesquelles dominent le gneiss et le granit. L’île affecte la forme d’une poire par son contour général ; mais lorsqu’elle émergea de l’Océan, elle présentait, selon toutes probabilités, une forme à peu près circulaire : la zone montagneuse en constituait le noyau central, autour duquel naquit la ceinture des terres basses, produit de la désagrégation des roches, des dépôts marins, et des alluvions. La formation des provinces maritimes est duc, en outre, au soulèvement lent du sol dans le cours des siècles, comme l’attestent les coquilles marines qu’on trouve encastrées dans des sables agglutinés à des distances considérables du rivage et à des altitudes dépassant de beaucoup la limite des hautes marées. C’est surtout dans le nord de l’île qu’on peut observer le mode de formation des terres basses sous l’action combinée des courans et des dépôts calcaires. Les courans chargés de matières alluviales recueillies le long de la côte de l’Inde, déposent leurs fardeaux sur les récifs de coraux ; et ainsi se formèrent la péninsule de Jaffna et les plaines s’étendant jusqu’à l’étroite chaussée connue sous le nom de Pont d’Adam, barrière de conglomérats qui obstrue la navigation du canal entre Ceylan et l’Inde continentale, et qui, soulevée par les mêmes agens, s’accroît constamment sous l’influence des marées et des moussons[1].

Cette théorie de la formation des provinces maritimes de Ceylan par voie d’accroissement et de soulèvement est peu conforme à la croyance populaire qui veut que l’île ait été violemment séparée de l’Inde continentale par une convulsion dont le Pont d’Adam semble être un vestige. On a cru pouvoir concilier les deux théories en supposant que l’affaissement a eu lieu à une époque reculée et a été suivi du soulèvement encore en cours ;

  1. Emerson Tennent, Ceylon, t. I, p. 12-14.