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s’exercent entre atomes : le caractère de ces forces est d’avoir un rayon d’action beaucoup plus grand que les dernières.

En appliquant des procédés et des considérations que nous n’avons pas à rappeler ici, la chimie détermine les poids atomiques et les poids moléculaires. Naturellement, on ne connaît pas en grammes ou fractions de gramme le poids absolu de ces particules dernières, atome et molécule, pas plus qu’on ne connaît en centimètres cubes ou fractions de centimètre cube leur volume absolu. Mais la chimie fait connaître leurs valeurs relatives.

Des expériences très délicates interprétées à la lumière des théories de l’optique physique, de la capillarité, de la conduction électrique. etc., ont amené les physiciens à se faire quelque idée de l’ordre de grandeur des molécules et atomes. En prenant pour unité de longueur le micro-micron, c’est-à-dire le millionième de millimètre, le diamètre de ces particules s’exprimerait par un certain nombre de millièmes de cette unité. Quant à la distance d’action des forces d’attraction qui en émanent, et que l’on nomme rayon d’action moléculaire ; il est d’environ 25 micro-microns. Au-delà, les forces moléculaires perdent toute influence.

Ce sont donc seulement des valeurs relatives que la chimie fournit pour les poids des molécules et des atomes. Les formules chimiques des corps sont précisément choisies de manière qu’elles expriment, pour chacun, un poids qui, s’il n’est pas celui même de la molécule, lui est proportionnel. Les poids moléculaires des différens composés contiennent le même nombre de fois le poids de la véritable molécule, et par conséquent le même nombre de molécules : ils sont équimoléculaires. Pour parler autrement, les poids moléculaires, donnés par les formules, correspondent, pour tous les corps, au même nombre de molécules. Le nombre des molécules dissoutes dans telle ou telle solution nous est immédiatement fourni par la fraction du poids moléculaire qu’elle contient.


Pour en revenir à notre objet, qui est la confrontation de la mesure cryoscopique avec le nombre des molécules existant dans la solution, l’opération est maintenant facile. On prépare, par exemple, une série de huit vases identiques. Dans le premier on met 1 gramme de sucre de cannes ; dans le second 1 gramme d’acide citrique ; dans le troisième, 1 gramme de glucose, et dans les suivans le même poids d’acide tartrique, d’acide malique, de glycérine, d’acide oxalique et enfin d’alcool. On ajoute de l’eau de manière à amener le volume de chaque solution