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concentrations différentes, et de comparer les valeurs ainsi obtenues aux nombres de molécules dissoutes. La première partie est très simple, en principe ; elle n’offre que des difficultés expérimentales dont d’habiles physiciens peuvent venir à bout plus ou moins heureusement.

La véritable difficulté commence lorsqu’il s’agit d’apprécier le nombre des molécules. Comment faut-il comprendre les molécules ? Comment faut-il entendre leur nombre pour s’assurer que l’abaissement du peint de congélation est proportionnel à ce nombre ? Et comment connaître ce nombre ?

On a commencé par prendre le mot de molécule dans l’acception ordinaire que lui donnent les chimistes. Ceux-ci, en effet, distinguent les dernières particules chimiques des corps ou atomes et les dernières particules physiques ou molécules. L’atome d’un corps est la plus petite portion de ce corps qui puisse exister dans les combinaisons ; les énergies chimiques sont inhérentes à l’atome ; les forces chimiques s’exercent entre atomes ; le caractère de ces forces est de n’agir qu’aux plus courtes distances.

La molécule d’un corps est la plus petite partie de ce corps qui puisse exister à l’état libre, isolé, avec les caractères et les propriétés physiques du corps. Les atomes, eux, n’existent que liés, accrochés les uns aux autres : ils satisfont leurs attractions réciproques, en se combinant ; ils ne se rencontrent jamais, dans le monde physique, à l’état nu. Par exemple, nous ne connaissons l’hydrogène qu’à l’état de molécules formées de deux atomes unis entre eux H2 ; nous ne rencontrons, de même, le chlore que sous la forme Cl2 et ainsi des autres corps simples. Leurs atomes existent à l’état de couples, de triades, etc., jamais à l’état isolé.

Il n’y a d’exception probable à cette règle que pour les atomes du cadmium et du mercure, qui participeraient donc à la fois des propriétés des atomes el de celles des molécules. Il y a une seconde exception, mais, celle-là, hypothétique, c’est celle des ions qui proviennent de la dissociation électrolytique des molécules ; mais encore faut-il remarquer que ces atomes, chargés d’électricité, ne sont pas entièrement libres.

L’existence à l’état isolé est donc bien véritablement le trait caractéristique de la molécule. Il n’est pas le seul. Les molécules sont des groupemens d’atomes réunis chimiquement à des atomes de même nature (corps simples) ou à des atomes différens (corps composés). Les diverses énergies physiques sont attachées aux molécules ; les forces physiques s’exercent entre molécules, comme les forces chimiques