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sels subissent une dissociation poussée plus ou moins loin. L’inconvénient est le même quoique la cause soit contraire, cette fois ; on obtient encore des résultats aberrans.

Ces causes d’erreur n’existent pas, en général, avec les autres dis-sol vans. Elles sont à peu près écartées aussi avec l’eau, à la condition d’y dissoudre les corps organiques. C’est ce que fit M. Raoult. Il examina ces solutions négligées. Il employa aussi comme dissolvans, outre l’eau, les acides formique et acétique, le bromure d’éthylène, la benzine, la nitro-benzine, le phénol, le thymol, la naphtaline ; et comme corps dissous, plus de 200 substances diverses.

Une étude aussi étendue a permis des conclusions très générales. La première de ces conclusions ou de ces lois, c’est que l’abaissement du point de congélation est un fait universel. Il s’observe même lorsqu’on emploie comme dissolvant des corps en fusion ; par exemple du nitrate de potasse, dans lequel on dissout du nitrate de soude, ou inversement — du plomb fondu où l’on fait dissoudre de petites quantités de zinc, d’étain, d’antimoine, de cuivre ou d’argent, — de l’étain fondu, où l’on dissout un métal quelconque. Dans tous ces cas, l’addition du corps capable de se dissoudre a pour effet d’abaisser le point de solidification du dissolvant.

La partie qui se solidifie en premier lieu n’est pas un mélange des corps présens dans la solution ; c’est le dissolvant pur et seul. De là, un procédé de purification, maintenant bien connu des chimistes sous le nom de Méthode de la congélation fractionnée. Elle consiste à soumettre à un refroidissement lent et méthodique le produit impur qui tient en solution des corps étrangers, et à en faire sortir par congélation le dissolvant. C’est ainsi que l’on peut se procurer l’acide acétique chimiquement pur ou acide acétique glacial : on obtient de même la benzine à l’étal de pureté.


IV

On a dit, au début de cet article, que le grand intérêt de la cryoscopie lui venait des renseignemens qu’elle fournit sur l’état moléculaire des corps dissous.

Il y a, en Physique, d’autres phénomènes encore qui fournissent des renseignemens du même ordre ; il y a d’autres propriétés qui sont liées au nombre des molécules dispersées dans un certain espace.

On leur donne le nom de propriétés additives ou colligatives. Elles n’ont aucun caractère spécifique ; elles ne dépendent en aucune façon