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l’on fait fondre en la réchauffant, soit dans de l’eau que l’on fait geler en la refroidissant. En réalité le point commun de congélation et de fusion, correspond au moment où la glace ne gèle point l’eau et où l’eau ne fond pas la glace. Ces deux corps sont dans une situation d’équilibre, l’un par rapport à l’autre.

Il y a un équilibre analogue en ce qui concerne les solutions. Si l’on dépose un bloc de glace à la surface d’une solution refroidie qui n’est pas encore descendue tout à fait jusqu’à son point de congélation on voit la glace disparaître, bien que la température du liquide soit inférieure à zéro. Elle se liquéfie comme elle ferait dans de l’eau au-dessus de zéro. On dit qu’elle fond : il serait plus exact de dire qu’elle se dissout. C’est le phénomène qui peut s’observer dans la nature lorsque des glaçons amenés par les rivières viennent fondre dans l’eau de la mer, liquide encore, quoique refroidie un peu au-dessous de zéro.

Si, au contraire, l’on dépose des cristaux de glace dans une solution abaissée au-dessous de son point de congélation, mais qui ne s’est point prise cependant en blocs solides, — qui est, ainsi qu’on le dit, en état de surfusion, — on met fin à cet état et on voit se produire en abondance des cristaux de glace dans toute la liqueur.

Ainsi, le même morceau de glace, ajouté à la solution, pourra avoir des fortunes contraires selon que celle-ci aura une température supérieure ou inférieure au point cryoscopique. Il sera fondu par la liqueur, plus ou moins vite si celle-ci est plus ou moins haut en amont de son point de congélation ; la solution sera congelée par lui, si elle est en aval de ce point. Du moment que la glace fond avec une certaine vitesse, c’est que la température est supérieure au point cryoscopique ; du moment, au contraire, qu’elle se forme avec une certaine vitesse c’est que la température est inférieure au point cryoscopique. On conçoit qu’il n’y aura pas de changement dans un sens ni dans l’autre lorsqu’elle sera exactement à ce point. De là découle la véritable définition du point de congélation : c’est la température à laquelle la solution est en équilibre avec la glace.


Quant à la détermination exacte de ce moment, c’est une opération très délicate lorsqu’on veut l’exécuter avec une grande précision ; lorsque, par exemple, l’on prétend répondre, comme M. Raoult. du quatre millième ou même du millième de degré. Cette précision est nécessaire. Les températures de congélation sont, en effet, très voisines les unes des autres, au moins lorsqu’il s’agit des solutions salines