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La loi de la fixité du point commun de fusion et de solidification exprime qu’il n’y a d’équilibre stable pour l’eau solide qu’au-dessous du zéro, et pour l’eau liquide qu’au-dessus de ce point. Mais, précisément, le physicien allemand Fahrenheit, avant Blagden, avait fait connaître une sorte d’exception à cette règle : c’est, à savoir, la surfusion. L’eau peut, dans certaines conditions, rester liquide au-dessous du zéro, jusqu’à — 12° et même jusqu’à — 20°. Mais c’est là un état instable, qui cesse brusquement, — non pas instantanément, comme on le dit à tort, — sous les plus faibles influences. L’une des plus remarquables c’est l’action d’un morceau de glace. La plus petite parcelle de glace, introduite dans l’eau en surfusion, devient le point de départ d’une solidification qui gagne rapidement de proche en pioche. C’est là ce que vit Blagden.

On applique cette notion aux mesures cryoscopiques, en projetant quelques cristaux de glace dans la solution dont on veut déterminer le point de congélation, afin de l’empêcher de descendre au-dessous de ce point.


La loi classique de la permanence de la température pendant toute la durée de la solidification, valable pour l’eau pure, n’est pas vraie pour les solutions. M. Raoult a fait remarquer qu’elle ne s’applique, d’une façon générale, qu’aux corps simples et aux composés définis parfaitement purs. Elle est un signe de la pureté des corps. Elle n’a donc rien à faire avec les dissolutions qui sont, en définitive, des mélanges de substances diverses, et, par conséquent, des corps impurs. Pendant la durée de la solidification, la température de la solution ne reste point fixe ; elle varie et s’abaisse continuellement. Et ceci se comprend. A mesure que de nouvelles quantités d’eau se séparent, à l’état de glace, du corps en solution, la liqueur restante se concentre. On se trouve réellement en présence d’une série de solutions de plus en plus concentrées, dont, par suite, les points de congélation deviennent de plus en plus bas. Il n’y a de fixe que la température à laquelle commence la congélation et la température à laquelle elle finit. Cette dernière est ce que nous avons appelé le point cryohydratique ; la première, c’est-à-dire la température du début de la congélation, — toutes précautions étant prises contre la surfusion, — fournit le point de congélation.

Il y a une autre manière — et meilleure — de définir ce point et de le déterminer. Quand il s’agit de l’eau pure on peut obtenir le point de congélation, soit en plongeant l’instrument dans de la glace que