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sardine, qui abonde dans la baie dans des proportions quelquefois invraisemblables ; et cette préparation a donné à la ville et à sa banlieue le caractère d’une immense usine de confiserie dont les émanations se répandent de tous côtés.

Le port de Rosmeur, qui se compose de trois jetées enracinées perpendiculairement à la côte, entre lesquelles sont installés des quais bien desservis, arme près d’un millier de bateaux de pêche, montés par près de 6 000 marins. Pendant six mois de l’année, de juin à novembre, il présente une animation fébrile. C’est par centaines de millions qu’on peut évaluer le chiffre de poissons que l’on manutentionne précipitamment sur les quais ; et le départ bruyant des équipages est un spectacle d’une originalité spéciale et qu’il est impossible d’oublier. Grâce à cet élément de trafic, qui ne paraît pas devoir se ralentir malgré la concurrence sardinière qui se développe tous les jours dans les plus modestes havres de la côte bretonne, le port de Douarnenez jouit d’un mouvement très régulier, et qui approche de près de 20 000 tonnes.

Au Sud de Douarnenez, et séparé de lui par la longue péninsule que termine la terrible pointe du Raz et que prolonge la chaussée de Soin, se développe la monotone plage d’Audierne. De la pointe du Raz à celle de Penmarc’h, la côte dessine un arc de cercle très régulier, de près de 40 kilomètres de corde et de 10 kilomètres seulement de flèche. D’Audierne à la pointe du Raz, une succession ininterrompue de falaises inaccessibles, d’Audierne à Penmarc’h une plage sablonneuse, interrompue seulement de distance en distance par quelques pointes de rochers. Pas un arbre sur la côte. Une lande rase, pelée, toujours battue par les vents de mer. Quelques rares maisons assez misérables. Presque partout la solitude et le désert.

Audierne, comme Douarnenez, est presque exclusivement un port sardinier, moins actif peut-être, mais d’un aspect plus sévère. Le port est à un kilomètre de l’embouchure du Goyen, que le flot remonte sur 6 kilomètres jusqu’à Pont-Croix où les petits caboteurs trouvent un quai, le long duquel ils manutentionnent seulement un millier de tonnes environ. Tout le mouvement est à Audierne, qui arme une centaine de bateaux, montés par près de 800 pêcheurs. Le port n’est que l’épanouissement du Goyen, et présente un grand quai de près de 500 mètres, prolongé par une estacade et une jetée, le long desquelles on hale les bateaux au départ et au retour. L’animation y est grande, et le mouvement commercial