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un grand port à marée de 41 hectares et doit être complété par un bassin à flot à la suite, disposé pour recevoir les Transatlantiques. Très bien situé au Sud de la ville et à l’Est du château, limité au Nord par de vastes terre-pleins entièrement conquis sur la rade, protégé contre les vents et les vagues du large par un brise-lames de près d’un kilomètre de longueur, présentant un développement de près de 2 500 mètres de quais disposés en éperons saillans et couverts de rails, communiquant d’ailleurs par un tunnel creusé au-dessous de la place du Château avec l’arsenal, il présente les meilleures conditions d’installation. Les trois premiers bassins sont affectés à la navigation ordinaire et au commerce local, le quatrième aux longs courriers ; le bassin à flot sera destiné spécialement aux Transatlantiques. L’effort du commerce a été grand et tout a été fait et très bien fait pour faciliter le stationnement et les opérations des plus grands navires. Les résultats ne sont pas encore malheureusement, il faut le dire, en rapport avec les sacrifices. La situation se modifiera peut-être un jour ; mais pour le moment le tonnage annuel ne dépasse pas 200 000 tonnes. C’est peu pour une dépense de premier établissement de plus de 20 millions.

Le grand mouvement de la rade de Brest est dû surtout à l’arsenal et à toutes les manutentions qu’entraînent le séjour, le passage et les transformations incessantes du matériel flottant de notre marine militaire. Mais les découpures variées de la grande rade, les estuaires nombreux des cours d’eau qui y débouchent, présentent aussi presque tous d’excellentes conditions pour l’aménagement de postes secondaires ; et, en fait, on n’en compte pas moins d’une dizaine, dont deux, les plus importans, Landerneau et Châteaulin, sont assez loin dans l’intérieur des terres, les autres n’étant que des relâches et, en quelque sorte, des stations de la banlieue maritime du grand port de la Penfeld.

A 1 500 mètres environ de l’embouchure de l’Elorn, se trouve un bac très fréquenté connu sous le nom de Passage de Plougastel. Plougastel constitue un excellent mouillage en rivière dans lequel les bateaux trouvent des fonds de 12 mètres. Ce n’est d’ailleurs qu’une simple cale d’attente, un lieu de passage comme son nom l’indique, sans mouvement commercial. Mais en remontant l’Elorn à 13 kilomètres, les caboteurs accostent à Landernau où ils ont à leur disposition sept cales, près de 1 000 kilomètres de quais et tous les avantages d’une petite ville industrielle très