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20 à 30 tonneaux, débarquant ou embarquant un tonnage insignifiant de produits locaux agricoles, et trop éloigné de la mer pour être fréquenté par les bateaux de pêche. C’est au petit havre de Pouldu, à l’embouchure même de l’Ellé, que s’arrêtent les pêcheurs et que viennent aussi quelquefois s’abriter quelques caboteurs surpris par les coups de vent. Mais le Pouldu et Quimperlé sont en somme des ports tout à fait secondaires.

A 6 kilomètres à peine du Pouldu, Douëlan, enfoncé dans un petit fiord de 1 200 mètres de profondeur et de 70 mètres seulement de largeur, n’est aussi fréquenté que par quelques bateaux sardiniers qui apportent leur poisson aux confiseries voisines. A 10 kilomètres plus à l’Ouest et bien qu’éloigné de la mer de plus de 5 kilomètres, Pont-Aven a une plus sérieuse importance. Un assez grand nombre de caboteurs s’engagent dans l’étroit couloir de l’Aven entre deux rangées de collines élevées, à la fois boisées et semées de rochers pittoresques. D’énormes blocs arrondis ont roulé dans la rivière au milieu de la petite ; ville et y ont formé des barrages dont on a utilisé la force motrice pour installer quelques moulins : mais, en aval, le chenal est libre jusqu’à la mer. Contrairement à presque tous les ports français, Pont-Aven, bien qu’assez modeste, fait surtout un commerce d’exportation. Sur ses quais très animés on expédie plus de 5 000 tonnes de produits agricoles et un tonnage plus que triple de poisson de toute nature péché dans la petite baie d’Aven et tout autour des nombreux îlots rocheux dont elle est semée.

V

Le grand bras de mer qui s’étend de l’île Verte, située à l’embouchure de l’Aven, à la pointe de Penmarc’h et qui est limité au large par l’archipel de Glénan, peut être considéré comme une conquête de l’Océan à l’origine de notre époque géologique. Les neuf îlots de Glénan et la centaine d’écueils qui les entourent ont été jadis une seule grande île. Très probablement cette île a été dans le principe rattachée du côté de l’Ouest à la pointe de Penmarc’h, du côté de l’Est à l’île de Groix qui était elle-même soudée à la terre. L’ancienne rive a presque tout entière disparu. L’affaissement général du sol et la morsure des vagues ont ruiné la côte primitive et façonné la côte moderne, qui présente aujourd’hui un double golfe : l’anse de Bénodet et l’anse de la Forêt, cette