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l’offre et de la demande, pour la réglementation du travail et autres problèmes qui intéressent à si juste titre les générations actuelles, et il permet d’entrevoir dans un avenir prochain un mode rationnel et satisfaisant pour tous de la représentation des intérêts et de la représentation politique, que le suffrage universel inorganique, tel qu’il fonctionne aujourd’hui, n’assure véritablement pas. Mais nous n’insistons pas sur ce point, que M. Charles Benoist a ici même mis en lumière dans ses remarquables études sur « la Crise de l’État moderne. »

Nous entendons nous borner à signaler des faits que chacun peut contrôler et dont il est facile de tirer les conclusions logiques. Nous devons cependant insister, en finissant, sur le rôle considérable que les gouvernemens sont appelés à jouer dans cette réorganisation. Partout où le mouvement corporatif a rencontré l’appui d’une autorité forte et stable, les résultats ont été considérables et définitifs, malgré la diversité des méthodes employées ; lorsqu’il s’est produit dans des pays où le gouvernement est faible, sans attaches fixes, subissant des influences extérieures, et soumis aux coalitions d’intérêts qui sont l’essence même du régime parlementaire, le groupement s’est heurté à des obstacles de tout genre, et le socialisme en a profité pour le détourner de son objectif et pousser à la lutte des classes. Toutes les réformes vraiment pratiques et fécondes n’ont pu être réalisées qu’avec le concours du gouvernement et dans le sens de la tradition. Cela ne veut pas dire que, conformément à une théorie célèbre, l’humanité tourne sans cesse en cercle, et que tout progrès apparent n’est qu’un éternel recommencement, mais cela veut dire que, pour les nations comme pour les individus, la vie est régie par des lois éternelles, inéluctables, auxquelles il faut qu’elles se soumettent pour grandir et accomplir leurs destinées.


CH. LE COUR GRANDMAISON.