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conséquence une augmentation de crédits, ce qui se traduit, à l’égard du contribuable, par une augmentation d’impôts. Et, après tout, que M. Emile Chauvin, par exemple, ait souci, sinon de nous épargner absolument les accidens de chemins de fer, du moins de les rendre plus rares, et que M. Argeliès, d’une part, M. Coutant, de l’autre, en cherchent le moyen, l’un dans le doublement, l’autre, plus exigeant, dans le quadruplement des voies ; ou bien que certains de leurs honorables collègues se préoccupent de protéger le musée du Louvre contre les risques d’incendie, tout en y installant un éclairage qui permette de l’ouvrir le soir à ceux que leur travail empêche de le pouvoir visiter de jour, c’est de quoi nous ne pouvons que leur savoir gré. Mais tout de même nous serons tantôt en février, et le budget de 1900 n’est pas voté, alors que, dans la règle d’une bonne administration, la discussion en devrait être finie avant que l’année ne fût commencée. D’autant que ni l’initiative gouvernementale, ni l’initiative parlementaire ne chôment, que les rapports s’entassent sur les rapports, et que le train quotidien de la vie publique, en ce temps singulier, fait naître un peu partout, à chaque instant, de très beaux sujets d’interpellation.

C’est ainsi qu’entre « la lecture, par M. Bertrand, d’une proposition de loi relative aux mauvais traitemens exercés envers les animaux » et le « dépôt, par M. Guillemet, d’une proposition de loi relative à l’élection des sénateurs et des députés, » nous avons eu (si par inadvertance nous donnons à la chronologie une légère entorse, qu’on veuille bien nous le pardonner) une interpellation de M. Dejeante « sur les grèves des départemens du Doubs et du Haut-Rhin, » au cours de laquelle il a été question surtout des événemens ou plutôt des incidens de Saint-Étienne, — qui n’est, que nous sachions, ni dans le Doubs, ni dans le Haut-Rhin.

Cette interpellation a du reste toute une histoire. C’était M. Victor Gay, député modéré de la Loire, qui devait d’abord l’adresser à M. le président du Conseil. Voilà déjà longtemps qu’il voulait lui demander quelques explications sur « l’attitude du gouvernement pendant les grèves de Saint-Étienne, » et, par la même occasion, demander à M. le ministre du Commerce quelques explications aussi sur l’attitude personnelle du « camarade » Millerand, comme on disait là-bas un peu irrévérencieusement, en tout cas avec le plus complet oubli du protocole, dans les milieux effervescens où l’on se croyait en droit de faire un fond particulier sur la fidèle « camaraderie » de M. le ministre du Commerce. Puis, tout à coup, cette interpellation étant attendue et fixée, par des considérations dans le secret desquelles le public n’a