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L’étude de ces stratifications a été poussée, à l’aide de puits de forage pour la fondation des écluses et des bassins à flot, jusqu’à 20 mètres de profondeur, ce qui donne une antiquité de plus de cinquante siècles. Des sondages ayant enfin permis de constater que les alluvions ne dépassaient pas en général l’épaisseur totale de 30 mètres, ou de 16 mètres au-dessous de la couche du bronze, on est conduit naturellement à fixer à peu près à six mille ou à sept mille ans avant notre ère le commencement du dépôt des alluvions de la Loire, et par conséquent l’origine de notre dernière période géologique, remontant à l’aube même des temps préhistoriques les plus reculés ; et il est curieux de remarquer que c’est à peu près au même résultat qu’on est arrivé en étudiant la formation séculaire des dunes de Gascogne. Les chiffres donnés par les apports de sable des Landes et les dépôts vaseux de la Loire coïncident donc d’une manière assez satisfaisante avec les limites données par la supputation biblique traditionnelle. Ils n’ont sans doute rien d’absolument exact ; mais il est intéressant de les connaître et de les rappeler.

VII

La Loire maritime se termine aujourd’hui à Saint-Nazaire dont le promontoire fait exactement face à la pointe de Mindin. On peut à la rigueur la prolonger un peu plus loin et y comprendre le golfe demi-circulaire dont la pointe de Chemoulin, sur la rive droite, et la pointe de Saint-Gildas, sur la rive gauche, forment les deux saillies extrêmes. Lorsque autrefois la Grande-Brière était inondée, que le territoire de Guérande était une presqu’île, peut-être même une île si, comme nous l’avons vu plus haut, la fosse de Saint-Lyphard conduisait une partie des eaux de la Loire à l’Océan au Nord de Mesquer et de Piriac, on devait alors considérer la pointe de Castelli comme la limite de la région maritime du grand fleuve.

Quatre petits ports, aujourd’hui tout à fait rattachés à la côte, jalonnaient alors l’ancienne rive de la Loire : Piriac, la Turballe, le Pouliguen et le Croisic.

Piriac n’est qu’un modeste havre de pêche assez bien abrité par une courte jetée en pierres, protégée par des bancs de rochers dont l’approche est toujours dangereuse dès que la mer devient houleuse. Site un peu sauvage. Le port, sans mouvement