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la Basse-Indre est au contraire un village d’ouvriers et présente un développement de cales et de quais de près de 2 kilomètres. Importante station pour les bateaux à vapeur qui remontent ou descendent la Loire, c’est surtout une grande usine métallurgique dont les fers laminés et les aciers peuvent être classés parmi les meilleurs de la France. Le mouvement du port atteint, dépasse souvent 20 000 tonnes par an.

Presque en face de la Basse-Indre est l’île d’Indret, qui communique avec elle par un bac à vapeur. L’île est d’ailleurs presque aujourd’hui soudée à la rive. Elle appartenait encore au duc de Bretagne à la fin du XVIe siècle. Le cardinal de Richelieu la fit acheter par le roi, et depuis lors elle est restée un grand établissement de l’État et a subi différentes destinations. A l’origine ce fut un atelier pour la construction des navires, puis tour à tour un grand chantier de bois pour la marine, une fonderie de canons, une usine pour le montage des coques en fer des bateaux à vapeur de la flotte ; elle est aujourd’hui spécialement affectée à la construction des machines marines du plus grand modèle.

A 3 kilomètres à peine d’Indret, Couëron, établi sur un petit promontoire rocheux, paraît avoir eu une existence très ancienne, et on a même voulu y placer quelquefois l’ancien port de Corbilon mentionné par Strabon ; mais c’est une pure imagination de quelques archéologues trompés par une vague ressemblance de nom. On y trouve seulement quelques débris de vieilles cales qui paraissent dater du Xe siècle. Un ancien canal permettait autrefois de remonter à 1 kilomètre environ dans les terres, sans trop s’écarter de la rive, jusqu’à Port-Launay, qui était alors un véritable petit port sur la Loire, où l’on pouvait remiser les barques de pêche et prendre ou décharger quelques produits agricoles. Le canal est aujourd’hui presque atterri et des bancs vaseux ont éloigné Port-Launay à près de 600 mètres du fleuve. Au XVIIIe siècle, Couëron était une sorte d’avant-port de Nantes, particulièrement fréquenté par les navires hollandais. C’est encore aujourd’hui un centre industriel d’une certaine activité. Deux grandes usines, une verrerie à l’amont, une fonderie de plomb à l’aval y maintiennent un sérieux mouvement de navigation. Un quai de 500 mètres et une série d’estacades permettent l’accostage facile de tous les bateaux de la Loire. Le mouillage y est excellent. Le tonnage annuel atteint environ 30 000 tonnes effectives.

Le Pellerin, situé presque en face de Port-Launay, n’est guère