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proportionnalistes ne jurèrent plus que par cette formule. Néanmoins, en dehors du Danemark, où elle fonctionne toujours, elle n’a été appliquée aux élections législatives que dans l’État de Costa-Rica, depuis 1893, et dans la Tasmanie, depuis 1896.

On lui reproche de laisser encore une part au hasard : en effet, l’attribution d’un suffrage à tel ou tel candidat peut varier d’après l’ordre dans lequel les bulletins sortent de l’urne. De plus, quand le nombre des sièges est considérable et le corps électoral fort étendu, il exige des votans une appréciation trop approfondie de la valeur relative des candidats et menace de compliquer les opérations du dépouillement. Pour peu que les suffrages se disséminent, il risque de laisser un certain nombre de sièges sans titulaires, et alors, il faut recommencer l’opération, à moins de déclarer élus les candidats qui se rapprochent le plus du quotient exigé ; ce qui est contraire aux règles d’une juste proportionnalité. La combinaison du système Hare, ou plutôt du transfert des suffrages avec le vote cumulatif, n’en offre pas moins le meilleur mode de votation proportionnelle, pour les élections des bureaux et des commissions, dans les académies ou les sociétés particulières, voire pour la nomination de corps politiques peu nombreux, chez les peuples qui n’auraient pas de partis nettement dessinés.

Partout ailleurs, quand il s’agit de se prononcer entre des partis, il y a lieu de distinguer, dans le scrutin, deux opérations qui restent confondues sous le régime majoritaire : la fixation du nombre de sièges qui revient à chaque liste, et la répartition de ces sièges entre les candidats de la liste. Le premier problème se ramène, pour chaque parti, à une règle de trois. On divise le chiffre des votes valables par celui des sièges à pourvoir. Le quotient de cette division est le mètre électoral, c’est-à-dire le chiffre de suffrages qui donne droit à un siège. Autant de fois chaque liste renfermera ce quotient, autant elle obtiendra de sièges. Ce procédé, en somme très simple, a été admis pour les élections législatives, au cours des dix dernières années, dans les cantons de Genève, Neuchâtel, Zug, Saint-Gall et Soleure ; dans le royaume de Serbie et dans l’Etat de Mendoza (République Argentine). Il fournirait l’expression la plus exacte de la proportionnalité en matière d’élections, si le nombre de sièges pouvait toujours être divisé proportionnellement aux contingens respectifs des partis. Malheureusement la pâte électorale ne se prête pas toujours à un découpage aussi régulier. L’opération laisse fréquemment un