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mais il peut les distribuer, comme il l’entend, entre les divers candidats. des 1850, le vote cumulatif fut partiellement introduit, pour l’élection de la législature, dans la colonie du Cap, — où, soit dit en passant, la représentation proportionnelle, sous une forme quelconque, va devenir plus nécessaire que jamais, en présence des rivalités de race suscitées ou ravivées par la guerre actuelle. — L’année 1870 le vit appliquer simultanément en Angleterre, pour le recrutement des comités scolaires, dans la Pensylvanie, pour l’élection des municipalités, et dans l’Illinois, pour celle de la législature. Depuis lors, il a été adopté, pour les élections législatives, en 1874 dans l’Etat de Buenos-Ayres ; en 1884, au Chili.

On doit reconnaître au vote cumulatif plus d’élasticité qu’au vote limité et il se prête davantage à la représentation de plusieurs minorités. Mais il offre les mêmes inconvéniens, quand les partis se font illusion sur le chiffre de leurs adhérens ou ne parviennent pas à voter avec une discipline absolue. De plus, comme les suffrages ont une tendance à s’accumuler sur les noms les plus populaires de chaque liste, ceux-ci reçoivent un excédent de votes qui sont absolument perdus. On a corrigé cet inconvénient en rendant transférables les suffrages surabondans. L’électeur obtient le droit d’indiquer, soit par l’ordre dans lequel il inscrit les divers candidats sur son bulletin, soit par l’apposition d’un numéro ou d’une marque en regard de leur nom, quels sont ceux sur lesquels il désire répartir subsidiairement son vote, au cas où son préféré aurait déjà obtenu, dans le dépouillement, le chiffre de voix nécessaire pour être élu.

Le véritable inventeur de cette combinaison est un ministre danois, M. Andræ, qui le fit introduire, dès 1855, dans les circonscriptions de son pays élisant plus de deux députés. Chaque votant ne disposait que d’un suffrage, quel que fût le nombre de députés à élire, mais ce suffrage était transférable. Pour être élu, tout candidat devait réunir un nombre de voix égal au total des votes divisé par celui des sièges. Ce système n’était guère connu hors du Danemark, lorsque, en 1857, il fut repris sur une base plus large, — quelques-uns même disent conçu à nouveau, — par Thomas Hare, dont il a gardé le nom. Sa supériorité sur les combinaisons précédentes provient de ce qu’il supprime les pertes de suffrages et peut assurer à tous les groupes une représentation vraiment proportionnelle. Aussi, pendant un temps, les