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et les houppelandes du XIVe siècle était simplement le dos des écureuils de France ou d’Allemagne, toujours de petite valeur. La seule peau chère était l’hermine, que les marchands de Constantinople tiraient des montagnes d’Arménie et de Crimée.

Le trafic des fourrures, à partir du XVIe siècle, accompagna la conquête et la civilisation des terres nouvelles. Maintenant, les deux régions qui fournissent presque toute la pelleterie employée dans le monde entier sont le nord de l’Amérique et la Russie, surtout la Russie d’Asie.

Pour l’Amérique, le commerce est en partie aux mains de la Compagnie anglaise de la baie d’Hudson, fondée il y a plus de deux cents ans. Attachés à son service, un nombre considérable de trappeurs indiens partent, comme dans les romans de Fenimore Cooper, au début de l’hiver, sur des traîneaux, pourvus de munitions et de vivres que leur fournit la Compagnie ; ils passent plusieurs mois à chasser dans les forêts et les déserts neigeux. La plupart des animaux qu’ils recherchent fuient en effet le voisinage de l’homme et se retirent dans les régions inhabitées. De nombreux particuliers du Canada et de la partie nord des États-Unis entreprennent aussi des chasses, concurremment avec la Compagnie, à leurs risques et périls. Les frais de ces expéditions sont très élevés, et, malgré l’énorme récolte de chaque année, les bénéfices ne sont relativement pas considérables.

Toutes ces peaux sont envoyées à Londres, centre de la vente. en gros, où les fourreurs de l’univers viennent s’approvisionner, dans les enchères publiques qui ont lieu tous les trois mois. La Compagnie de la baie d’Hudson expédie en moyenne plus de 600 000 peaux, valant près de 10 millions de francs, dont les castors et les martres du Canada, à 35 et 40 francs l’une, forment le meilleur lot. Les chasseurs indépendans atteignent un chiffre d’exportation de 15 millions. Presque seuls, ils fournissent le skung (800 000 peaux) et la marmotte.

De la loutre, il fut beaucoup parlé, voici quelques années, lors de l’arbitrage sur les pêcheries de Behring. Pour empêcher la destruction complète des phoques à fourrures dans la région, le gouvernement de Washington dut limiter la chasse annuellement permise à la compagnie privilégiée. Une compagnie russe continua de récolter, sur les îles de Cuivre, environ 50 000 peaux par an. Mais la mesure restrictive prise par les États-Unis détermina une hausse importante du prix de la loutre