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En 1827, ce furent 380 Allemands qui s’y établirent, et, après la guerre de Crimée, 2 000 Allemands de la Légion étrangère y obtinrent des fermes étendues[1]. Les Écossais eux-mêmes, en assez grand nombre, se mélangeaient avec les Boers par le mariage. Pour connaître approximativement la proportion actuelle de ces divers élémens, j’ai prié le docteur Muller, consul général de l’Etat libre à la Haye, de faire consulter la liste des électeurs de son pays. On a pu constater ainsi que 68 pour 100 des noms étaient hollandais, 12 pour 100 français, 12 et demi pour 100 écossais, 3 et demi pour 100 allemands et 3 et demi pour 100 Scandinaves, italiens, etc. Les deux grands généraux Joubert et Cronjé sont d’origine française ; le président Krüger et le secrétaire d’Etat Reitz sont d’extraction allemande : d’où il appert que, quoique l’élément hollandais prédomine jusqu’à l’absorption des autres, au moins quant à la langue, l’influence directrice des autres nations sur ce complexe et multiple assemblage est loin d’être réduite à une quantité négligeable. Ceux qu’on appelle les Afrikanders se reconnaissent parmi les Boers à cette légère nuance, qu’ils se montrent plus accessibles à la civilisation anglaise, dans l’intention d’engager les fermiers anglaisa faire cause commune avec eux contre la mère patrie, comme cela s’est vu en Amérique. Les Boers proprement dits, au contraire, craignent que l’infiltration des coutumes anglaises n’affaiblisse leur type. Mais, au moment du danger, le sang n’a jamais menti, et les Afrikanders ont toujours secouru leurs frères d’outre-Orange et d’outre-Vaal.

Le nom « Boer » (prononcez Bour) signifie « paysan », mais on se tromperait en comparant les Boers aux paysans français, aux

  1. Purvis et Biggs. South-Africa, p. 65.