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obtenait une moins étendue mais peut-être plus énergique, à côté de lui, de la Confédéral ion germanique où son influence était toujours dominante. À la suite et à l’exemple des mouvemens de Paris et de Bruxelles, des émeutes, d’une nature assez grave, avaient eu lieu dans plusieurs États d’Allemagne, dans le duché de Brunswick, le royaume de Saxe et la Hesse électorale, où les populations réclamaient l’extension des libertés constitutionnelles qu’on leur avait promises et très insuffisamment accordées. Ces troubles, qui d’abord avaient paru sérieux, avaient été assez rapidement pacifiés par des concessions plus ou moins sincèrement accordées. Le président de la Diète, instrument docile de Metternich, ne crut pas moins nécessaire de convoquer l’Assemblée fédérale, afin de pourvoir aux dangers de la situation. Entre plusieurs mesures défensives précipitamment adoptées, la plus importante et qui fit la plus grande impression, ce fut un arrêté portant qu’ « attendu que les États germaniques se devaient un mutuel appui, celui qui serait appelé à son aide par un voisin menacé aurait le droit de lui porter secours, même par une assistance militaire, sans avoir besoin de requérir ni d’attendre l’autorisation de la Diète elle-même. » On ne pouvait affirmer, par un défi plus hardi, la résolution de ne tenir aucun compte de ce que Metternich appelait le nouveau dogme français.

Ce n’étaient pourtant encore que des protestations verbales : à Saint-Pétersbourg, on aurait voulu mieux. Le Tsar crut un instant le moment venu de retrouver l’occasion manquée à la première heure et de passer des paroles aux actes. Il laissait son aide de camp, le maréchal Diebitsch, en permanence à Berlin, pressant la Prusse d’agir, et l’assurant que, si les Prussiens se mettaient en marche, les Russes les suivraient de près. On aurait ainsi de première mise 300 000 hommes en ligne, dont les Hollandais seraient l’avant-garde, la Prusse le corps de bataille, et la Russie, la réserve. Nul doute qu’Autriche, Confédération germanique, Espagne, Naples et Piémont ne se missent ensuite en mouvement, et alors l’effort commun serait irrésistible.

Et, pour prêcher d’exemple, il renforçait lui-même les troupes qu’il avait en Pologne et leur donnait l’ordre de se tenir prèles au premier signal. On revenait ainsi non pas seulement au lendemain de 1815, comme M. de Metternich le désirait, mais à la veille de 1792, avec la guerre générale entamée sur toute la ligne.