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LE DERNIER BIENFAIT DE LA MONARCHIE
LA NEUTRALITÉ DE LA BELGIQUE

II.[1]
RECONNAISSANCE DE LA MONARCHIE DE 1830.
CONVOCATION DE LA CONFÉRENCE DE LONDRES

Les gouvernemens sont composés d’hommes, et, comme c’est le fait de l’humanité, sujets à une grande mobilité d’impressions. Le temps, l’expérience, modifient leurs dispositions ; le cours imprévu des événemens, en leur inspirant de nouveaux désirs, leur suggère aussi de nouveaux desseins. Aussi, par le seul fait que quinze ans s’étaient écoulés, le roi Guillaume ne dut pas tarder à s’apercevoir que l’Europe, à laquelle il faisait appel en 1830, ne ressemblait déjà plus à celle qui, en 1815, l’avait couronné.

La joie d’un triomphe chèrement disputé avait porté les puissances victorieuses de Napoléon à un état de surexcitation artificielle qui leur avait dicté des mesures extrêmes, mais qui ne pouvait longtemps se maintenir ; aussi, d’année en année, dans les réunions périodiques qu’elles étaient convenues de tenir, on avait vu la fièvre tomber, les esprits se rasseoir, et, en même temps, par une conséquence naturelle, reparaître les rivalités d’intérêt et

  1. Voyez la Revue du 1er décembre 1899.