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câbles transatlantiques, et le grand centre des échanges télégraphiques entre l’Europe et le monde entier, au lieu de Londres, serait peut-être Paris.

N’y aurait-il pas, d’ailleurs, pour la France, un rôle intéressant à prendre dans le mouvement qui se manifeste aujourd’hui dans tous les pays, pour arriver à s’affranchir du monopole télégraphique anglais ? Pour annihiler ce monopole et en supprimer le danger, il suffit qu’un réseau non anglais soit créé et puisse atteindre toutes les régions où l’Europe possède des intérêts. Peut-être serait-ce un acte de sage et prévoyante politique que d’associer à cette entreprise, dans les mesures conciliables avec les besoins de notre défense, les autres pays qui, ne pouvant eux-mêmes avoir des réseaux, veulent cependant échapper à la dépendance où ils se trouvent ? Le caractère international ainsi donné aux nouveaux réseaux serait la meilleure des sauvegardes contre les ruptures en temps de guerre, et si, dans l’avenir, ces réseaux se multipliaient et formaient à leur tour, au fond des mers, une nouvelle toile d’araignée inoffensive et pacifique, on aurait fait le pas le plus décisif vers la neutralisation des câbles. Il y aurait assurément là une œuvre d’émancipation et de progrès dont la France devrait prendre l’initiative, et où elle se retrouverait fidèle à ses vieilles et historiques traditions.


J. DEPELLEY.