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Pacifique, mais rochers anglais ! Ce câble est destiné à prolonger, par une ligne exclusivement britannique, les câbles anglais du nord de l’Atlantique et les lignes canadiennes. L’étude technique en est faite ; l’exécution demandera dix-huit mois, et tout récemment, le 19 octobre dernier, à propos de ce projet, M. Chamberlain faisait connaître à la Chambre des Communes que la direction de la nouvelle ligne transpacifique sera confiée à un Conseil de huit membres dont les réunions se tiendront à Londres. Le Gouvernement sera représenté, dans ce Conseil, par trois membres dont le président, le Canada par deux, l’Australie et la Nouvelle-Zélande par trois. Le Canada a déjà désigné lord Aberdeen et lord Strathcona ; les colonies australiennes et la Nouvelle-Zélande seront représentées par les agens généraux de la Nouvelle-Galles du Sud, de Victoria et de la Nouvelle-Zélande, et des négociations se poursuivent, entre le Chancelier de l’Échiquier et le Postmaster général, pour arrêter le choix des représentans de la Métropole. Ce projet doté, comme on le voit, d’un patronage très gouvernemental, forme une première partie du nouveau câble impérial qui doit faire le tour du monde.

L’autre partie est sortie de l’état de simple projet, et a déjà un commencement d’exécution ; elle consiste dans l’établissement d’une ligne nouvelle partant de la côte anglaise, touchant à Gibraltar, à Bathurst, aux Iles de l’Ascension et de Sainte-Hélène, et enfin au Cap. Du Cap, elle se dirigera sur l’île Maurice, dont on fait un dépôt de charbon et dont on veut faire aussi un grand centre télégraphique. De Maurice enfin, un câble sera posé vers l’Australie, et fermera le cercle dont on veut envelopper le monde entier. La première section de ce câble vient d’être immergée et ouverte au service entre le Cap et l’île de l’Ascension ; elle sera prolongée dans quelque semaines jusqu’à Bathurst.

Pour ce second projet, déjà si avancé, la dépense doit être de 125 millions de francs ; mais cela n’effraye pas nos voisins. Un journal de Londres dit à ce sujet : « La somme de 125 millions demandée pour ce projet suffirait pour construire 5 cuirassés, mais il faut comprendre qu’un tel réseau offrira l’avantage de rendre chaque navire de guerre cinq fois plus puissant et plus utile qu’il ne l’est à présent ».

Il faut supposer qu’après l’établissement de ces grandes lignes, l’Angleterre se sentira un peu rassurée et aura un moment de tranquillité. Mais quel enseignement n’y a-t-il pas pour la France