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Saint-Julien, Saint-Estèphe, La Maréchale, Saint-Christoly, By, Goulée et Richard présentent tous des dispositions analogues. Le pays étant partout le même, les ports doivent aussi se ressembler. Ils ne sont et ne peuvent être que la fin du chenal d’évacuation correspondant à chaque marais, convenablement élargi, protégé à son embouchure dans la rivière par des jetées ou des musoirs, muni de cales pour l’abordage des bateaux et d’un ouvrage écluse pour combattre d’une manière incessante l’ensablement produit par les boues de la Gironde. Tous ont un mouvement très actif de voyageurs et forment escale pour les bateaux à vapeur qui font plusieurs fois par jour le service régulier de Bordeaux à Royan et à la pointe de Grave. Le tonnage commercial n’est pas sans importance. Insignifiant aux ports de Saint-Julien, il atteint 2 500 tonnes à Saint-Estèphe, 3 000 à By, 6 500 à La Maréchale, 10 000 à Saint-Christoly, 19 000 à Goulée. Ce sont toujours les vins et quelques bois de pins qui en constituent le plus fort élément.

Pauillac est le doyen de tous ces petits ports avancés de la métropole girondine, et à lui seul il expédie pour près de 30 000 tonnes. Son existence paraît même remonter, comme celle de Bordeaux, aux premiers temps de la conquête. Ausone en parle dans une de ses lettres ; en sa qualité d’épicurien lettré, il devait bien cet hommage à cette petite ville qui se trouve au centre même de production des meilleurs vins du Médoc. Pauillac est précédé immédiatement au Nord par le petit port de Gaët, qui n’est qu’un chenal d’échouage ; mais, presque à son embouchure et à une quarantaine de kilomètres environ à l’aval de Pauillac et de Gaët, la Gironde présente l’excellente rade du Verdon, abritée naturellement contre les mauvais temps du large par l’énorme éperon que forme la pointe de Grave, et dans laquelle peuvent mouiller tous les bateaux des grandes compagnies françaises ou étrangères qui desservent Bordeaux, les Messageries maritimes, les Transatlantiques, la Compagnie de Navigation bordelaise, les Chargeurs réunis, la Steam Pacific Navigation Company, etc. Ces paquebots faisaient tous autrefois escale dans la rade, s’y allégeaient partiellement d’une partie de leur cargaison afin de pouvoir remonter la Gironde jusqu’à Bordeaux, et y prenaient les voyageurs en partance et les marchandises amenées par gabares. L’amélioration des passes de Beychevelle, du Bec-d’Ambès, de Bassens, et la création du bassin à flot de Bacalan