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Côtes et ports français
de l'océan


II.  La Gironde,  Bordeaux,  le médoc[1]


I

Le vaste estuaire de la Gironde est l’un des plus remarquables, des plus riches et des plus animés de notre littoral de l’Ouest. Dans son magnifique développement de près de 100 kilomètres entre Bordeaux et la mer, le fleuve, orienté du Sud-Est au Nord-Ouest, est à peu près à la latitude de 45°, à égale distance par conséquent du pôle et de l’équateur. Il sépare ainsi par une large coupure la région littorale du Midi de celle du Nord : la première presque nue et déserte, présentant un long alignement rectiligne de dunes sablonneuses, hier encore stériles et mouvantes, et d’une assez grande monotonie ; la seconde, au contraire, d’un dessin très varié, entrecoupée de marais exploités pour le sel et la pêche et de petites collines fertiles et cultivées, sillonnée de cours d’eau navigables, jalonnée de petits ports tous fréquentés, précédée d’un archipel d’îles qui sont comme les sentinelles avancées du continent, lui ont appartenu jadis et lui reviendront peut-être un jour à la suite de ces lentes oscillations de la côte, qui ont plusieurs fois modifié les limites de la terre et de la mer.

  1. Voyez la Revue du 15 décembre 1899.