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que M. Pierre de Nolhac nous présente d’après les sources véritables de cette histoire, dans une magnifique publication d’un format somptueux, d’une exécution irréprochable, et qui fait honneur à la Société d’Édition artistique. On sait que celle-ci, quoique de formation nouvelle, a déjà pris une place à part parmi les éditeurs d’art, sous l’habile direction de M. Paul Gaultier.

Depuis dix ans, M. de Nolhac a réuni les matériaux de ce travail. Et combien ils sont nombreux, sur deux siècles d’art particulièrement féconds, sous les règnes de Louis XIV, Louis XV et Louis XVI, qui ont sans cesse embelli Versailles et y ont amassé les merveilles les plus diverses, dont beaucoup subsistent encore, toujours plus admirées, étudiées et reproduites ! Pour décrire ces splendeurs, M. de Nolhac a fait principalement usage des documens officiels de ce grand service des Bâtimens du Roi, des rapports inédits adressés à Colbert sur les premiers travaux de Louis XIV, de la correspondance de Colbert comprenant ses rapports à Louis XIV, des minutes de Louvois aux Archives historiques du ministère de la Guerre, des registres des ordres du roi tenus par Mansart, et enfin des plans, devis et correspondances des Bâtimens, dont beaucoup sont encore inédits aux Archives nationales. Les dessins anciens sont des documens de premier ordre en de telles études. Ce sont les plus beaux et les plus rares morceaux de ce trésor que M. de Nolhac a choisis dans les dessins et plans de Robert Cotte, Mansart, Charles Le Brun, les crayons de Van der Meulen et les vues inédites de Pérelle et d’Israël Silvestre pour les présenter ici dans des reproductions directement obtenues des originaux par des procédés nouveaux et variés, fort bien appropriés au style et au ton différent des œuvres qui sont mises sous nos yeux. Le livre de M. de Nolhac, ouvrage d’érudit et très étudié, est, tout entier, puisé aux sources originales et authentiques : il ne sacrifie rien au goût du jour et ne fait sur aucun point double emploi avec le volume sur Versailles et les deux Trianons[1], de M. Philippe Gille, édité par la maison Mame, dont nous pourrions répéter, maintenant que le premier volume vient de paraître, tous les éloges que nous en avons faits ici même l’année dernière.

On peut rapprocher le style de l’Empire de celui du siècle qui l’a précédé et, si le style de l’Empire a été bien longtemps dédaigné, dénigré, démodé, il a retrouvé depuis quelques années une faveur exceptionnelle. Le beau livre de M. Paul Lafond, qui a fait pour

  1. Versailles et les deux Trianons, par M. Philippe Gille, t. Ier, gr. in-4o illustré. Alfred Mame.