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France, ne saurait manquer d’être appréciée pour la sûreté de son information, l’élégance des reproductions en couleurs et des dessins qui donnent la vue la plus exacte de tous nos départemens, de leur beauté et de leurs ressources.

Entre tous les livres d’art, les plus intéressans pour nous sont ceux où l’histoire de France et l’histoire des origines de la peinture française sont étroitement mêlées, comme cette magnifique édition de Catherine de Médicis[1] dont l’exécution irréprochable ne le cède en rien pour l’habileté et le goût aux autres grandes publications entreprises par les éditeurs des Saints Evangiles, des Maîtres de la peinture… etc. On peut dire des portraits de Catherine de Médicis à tous les âges de sa vie qu’ils la font connaître autant qu’on peut connaître cette figure, restée l’un des plus énigmatiques pour ses biographes comme pour ses peintres, puisque, sous ses aspects successifs, elle ne laisse presque rien transparaître de son âme. Et pourtant que de portraits n’avons-nous pas de Catherine de Médicis dans tous les albums de la fin du XVIe siècle, et répartis dans les principales collections de l’Europe ? Presque en aussi grand nombre que les souvenirs qui la concernent épars dans Tavannes, Villeroi, Montluc, de Thou, l’Estoile, les ambassadeurs italiens, la reine Marguerite, Brantôme. Pour parler d’elle, à son tour, M. Henri Bouchot a consulté tous les historiens et chroniqueurs, des plus anciens aux plus modernes, interrogé tous les originaux ou reproductions de son image et de celles d’Henri II et de leurs enfans et proches, les miniatures de ses livres d’heures, émaux de Léonard Limosin, esquisses et portraits pris sur le vif par tant de peintres et sculpteurs, de Corneille de Lyon, à François Clouet. Secum fert ærumnas Danaum ! s’écria Léon X quand la fille de Laurent de Médicis fut montrée au Saint-Père, son oncle. Parole prophétique jetée vers celle à qui l’égoïsme et la jalousie inspirèrent des résolutions quelquefois généreuses, mais trop souvent perfides, et qui vit se dessécher entièrement la tige des Valois, et « nouvelle Niobé, tomber autour d’elle, frappés comme d’une main céleste, tous ces fils à qui elle avait voulu donner des couronnes. »

Après nous avoir montré Rembrandt chez lui et dans son œuvre et, avec Rembrandt, toute une partie de l’École hollandaise, M. Emile Michel nous fait voir avec Rubens[2], son frère d’origine, son

  1. Catherine de Médicis, par M. Henri Bouchot, 1 vol. in-4o raisin, illustré de 49 planches en taille-douce dont 4 en couleur. Jean Boussod, Alanzi, Joyant et Cie.
  2. Rubens, sa vie, son œuvre et son temps, par M. Emile Michel, 1 vol. gr. in-8o jésus, contenant 250 gravures dans le texte, 40 planches en taille-douce, 40 planches hors texte en couleur. Hachette.