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Gadès et les îles Cassitérides, ont fait escale à l’entrée de l’Aturis. Il est probable cependant qu’alors comme à l’époque romaine, c’était au Gouff de Capbreton que le fleuve débouchait dans la mer ; on peut même regretter qu’il ne continue pas à y déboucher encore, puisque la nature y a disposé une sorte de rade profonde et relativement tranquille, sur une côte de plus de 200 kilomètres, très inhospitalière et battue par tous les vents. Les documens sérieux ne remontent qu’au XVe siècle, et de tout ce qui précède on n’a conservé que d’assez vagues souvenirs.

Ce qu’il y a de certain, c’est que Capbreton a décliné dès que l’Adour l’a abandonné. Bien que le courant du ruisseau du Boudigau, qui est en ce moment l’estuaire de Capbreton, ait été sérieusement amélioré par une digue et une estacade et que le mouillage y soit assez bien assuré pour les petits bateaux de mer, malgré la chasse produite de temps à autre par les eaux de l’étang d’Ossegor, qu’une large roubine a mis depuis peu en communication avec l’entrée du port, Capbreton n’est plus aujourd’hui qu’une modeste station de pêcheurs doublée d’un établissement de bains de mer plus modeste encore. Quant au Vieux-Boucau, même aux époques où l’Adour venait y jeter ses eaux ralenties par un très long parcours à travers une série interminable de flaques d’eau, il n’a jamais eu la moindre importance, et on n’y a vu de tout temps que d’assez pauvres maisons groupées autour d’une embouchure déserte et souvent atterrie.

VI

C’est en réalité Bayonne qui est la tête de ligne de la vallée de l’Adour et le seul port sérieux de cette partie du golfe de Gascogne. On peut émettre quelques doutes sur l’étymologie euskarienne de son nom, baia-ona, bonne baie ; car, en fait, ce n’est pas précisément par ses bonnes conditions nautiques que se recommande l’embouchure de l’Adour ; et il a fallu depuis trois siècles toute la ténacité des ingénieurs pour y assurer une passe à peu près régulière et qui pourrait bien, un jour ou l’autre, donner lieu à de graves mécomptes, si l’Océan entrait dans une de ces colères en présence desquelles l’homme ne peut que se résigner. Bayonne s’appelait autrefois Lampurdum et ne paraît pas avoir eu à l’époque romaine une sérieuse notoriété. Lampurdum n’était pas sur une de ces grandes voies de l’Empire dont les principales