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l’électrolyse. Le premier qui nous frappe, c’est que les élémens électrolytiques, les ions, n’apparaissent jamais dans la masse de la solution soumise à l’influence du courant, mais seulement sur les électrodes. C’est là un fait dont l’explication a vivement préoccupé les physiciens et exercé leur sagacité. Peut-être même l’a-t-il exercée un peu trop exclusivement, au détriment d’autres qui ne sont pas moins importans.

Il n’est pas absolument vrai de dire, en effet, que tout est en repos dans la masse de la solution, qu’il n’y a de phénomène apparent qu’au contact des électrodes, et, que ce phénomène consiste dans la ségrégation des ions. Il y en a en effet un autre, qui a été aperçu pour la première fois par Pouillet en 1835 et qui porte sur le sel non décomposé. Celui-ci cesse d’être distribué d’une manière homogène dans le vase où se fait l’opération ; la solution devient plus diluée ou plus concentrée près des points d’entrée ou de sortie du courant. Il y a un changement de concentration au voisinage des électrodes. En étudiant l’électrolyse du chlorure d’or, Pouillet avait constaté que la densité de la solution diminuait près du pôle négatif où l’or se déposait. Ce phénomène est vraiment dû à un transport du sel lui-même, et non pas seulement des ions, comme on l’avait cru. Il avait été étudié, avec l’attention qu’il méritait, par Daniell et Hittorf. C’est M. Chassy, qui, en 1890, en a fixé la véritable nature.


Une autre circonstance dont l’intérêt théorique n’est pas moindre est la suivante : le phénomène de l’électrolyse est en proportion de l’énergie électrique mise en mouvement, ou, pour parler plus exactement, la décomposition est en rapport avec la force électro-motrice du courant. Un courant très faible, produit déjà une électrolyse, peu sensible directement, sans doute, mais que des artifices permettent de déceler. La décomposition croît progressivement avec l’énergie du courant. On ne voit pas l’action, nulle jusqu’à une certaine limite, se produire tumultueusement et, pour ainsi dire, d’une façon explosive, dès que cette limite serait dépassée.


Enfin, c’est la quantité d’électricité mise en jeu qui détermine le degré de l’électrolyse, c’est-à-dire la quantité de sel décomposé ou d’ions produits. Quelles que soient les circonstances dans lesquelles la pile fonctionne, le poids du métal déposé à l’électrode négative est proportionnel à la quantité totale d’électricité qui a passé à travers la solution. C’est la loi de Faraday, ou du moins un lemme préliminaire du principe établi par l’illustre savant anglais.