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Dans la décomposition par le courant, le métal se rend à l’électrode négative ou cathode, c’est le cathion : le radical Cl, Br, SO4, AzO3 se rend au pôle positif, c’est l’anion. Ils y arrivent, d’après ce que nous venons de dire, chargés de leur atmosphère électrique ; — ils s’y déchargent et reprennent alors le caractère ordinaire des corps chimiques électriquement neutres. Par exemple, dans l’électrolyse du sulfate de cuivre SO4Cu, le métal Cu, électriquement positif, se rend au pôle négatif qui l’attire et s’y dépose en se déchargeant ; il redevient cuivre ordinaire : le groupe radical SO3 se rend au pôle positif et s’y décharge de même. Il s’y résout en anhydride sulfurique SO3 et oxygène O, parce que, en dehors de la condition électrique qui les maintient groupées, ces deux parties ne peuvent se combiner chimiquement. D’ailleurs, cette décharge de l’ion arrivant à l’électrode contraire est suivie, non seulement de la perte du caractère ion, conséquence du retour à l’état neutre ; non seulement encore de la dislocation du groupement complexe qui formait le radical ; mais encore, suivant les cas, de réactions secondaires entre les corps chimiquement libres mis subitement en présence, tels que l’eau, la matière de l’électrode, les fragmens du radical disloqué.

Lorsque l’électrolyte est un sel, les ions véritables sont donc le métal d’une part, — ion électro-positif se rendant à la cathode, — et, d’autre part, le groupement des autres parties, radical électro-négatif, qui se rend au pôle positif. Le cas des acides se ramène à celui des sels. L’acide est un sel où le radical est le même, mais où le rôle de métal est tenu par l’hydrogène. Les bases rentrent dans la même règle à la condition d’assimiler le radical oxhydrile OH au radical acide de tout à l’heure. Par exemple, l’électrolyse de la potasse KOH, réalisée pour la première fois dans l’expérience célèbre de H. Davy, fournit primitivement, en fait d’ions : le métal potassium et l’oxhydrile (OH) qui, ne pouvant subsister comme tel, une fois déchargé, donne lieu à des réactions secondaires.


III

Nous savons maintenant ce que sont les ions, séparés par l’électrolyse ; nous savons que leur existence peut être plus ou moins fugitive ; mais qu’essentiellement ils ont pour matériaux, d’une part : le métal ou l’hydrogène, d’autre part le groupement des autres élémens, radical acide ou oxhydrile.

Il nous faut voir maintenant les caractères de l’acte même de