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Que le fait d’être chargée d’électricité puisse modifier les aptitudes chimiques ordinaires d’une substance c’est ce dont on a de nombreux exemples.

Par exemple, le zinc présente à un haut degré la propriété d’être attaqué par l’acide chlorhydrique. Mais, si on le charge d’électricité, en le maintenant en rapport avec le pôle positif d’une pile forte, il reste inaccessible et intact.

Ne demandons donc pas aux ions, élémens revêtus d’électricité, les propriétés des élémens nus ; demandons-leur celles qui leur appartiennent.

Comment leur donne-t-on naissance ? Par l’électrolyse, c’est-à-dire par la décomposition que l’électricité fait subir aux corps. Cette dislocation est d’une nature particulière différente des autres décompositions : elle fournit ces élémens spéciaux, élémens électriques ou ions, différens des élémens chimiques du corps.

Les premières électrolyses ont été réalisées, en 1772, par un physicien obscur, Paets de Trootswyk, au moyen de la grosse machine statique de Harlem et, un peu plus tard, par Nicholson et Carlisle au moyen de la pile de Volta. C’est, en effet, en faisant traverser les corps parle courant de pile qu’on les décompose : les conducteurs du courant en contact avec le corps sont les électrodes ; le conducteur d’amenée est l’électrode positive ou anode : le conducteur de sortie, l’électrode négative ou cathode : le corps décomposé, électrolyte : les élémens fournis par la décomposition, anion et cathion.

Une première restriction doit être faite immédiatement. Tous les corps ne sont pas décomposés par l’électricité : tous ne sont pas électrolytes. Il y en a, les métaux par exemple, qui sont conducteurs ; le courant les parcourt sans les altérer chimiquement. Il y en a d’autres, les liquides organiques, l’eau, l’alcool, l’éther, la glycérine, les huiles, les pétroles, les carbures, catégorie immense, que l’électricité ne traverse pas.

La classe des électrolytes est donc restreinte, quoique encore très considérable. Sont électrolytes les sels, les acides minéraux et les bases minérales. Il en résulte déjà que les élémens électrisés, les ions n’ont pas, et il s’en faut de beaucoup, le caractère d’universalité des élémens matériels ordinaires, atomes et molécules. Et cette observation, par conséquent, réduit la généralité de la théorie des ions et en limite la portée.

Pour être électrolytes, les corps doivent remplir deux conditions. Il faut qu’ils soient liquides, c’est-à-dire dissous ou fondus. Un solide