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les écoles inférieures, on apprend la lecture, l’écriture, les premiers élémens du calcul et de l’arpentage ; les Middle Schools ont pour mission d’enseigner, en outre, quelques notions de géométrie, d’algèbre, de chimie, de botanique, de géographie physique et d’histoire. Le dialecte populaire est seul usité dans l’école inférieure ; dans l’autre, une part est faite à l’anglais qui, chaque année, gagne du terrain. Voici, d’après les chiffres les plus récens que j’aie obtenus, comment se répartit entre les trois ordres d’enseignement la proportion des natifs qui ont reçu quelque instruction. Sur mille « lettrés, » il en est 939 qui ont fréquenté l’école primaire inférieure, 57 qui ont passé par l’école mixte, et seulement 4 qui se sont élevés jusqu’à l’enseignement supérieur. Quant à la proportion des lettrés et des illettrés, elle a varié comme suit ; 1881 : lettrés 91, illettrés 909 ; 1891 : lettrés 109, illettrés 891. Quant à l’éducation des filles, elle est née d’hier, et on jugera du progrès obtenu quand on saura que, dans la présidence de Madras, on compte 4 filles sachant lire sur mille, et 10 dans la province de Bombay. Cependant, je vois qu’en 1893, une jeune femme a obtenu les « honneurs » au baccalauréat ès arts, dans l’Université de Calcutta, et que six autres ont passé l’examen d’entrée (matriculation). Je les plains autant que je les admire : rien ne doit être plus étrange ni plus pénible que la situation d’une bachelière dans un foyer hindou.

Il résulte de la statistique qui précède que vingt-cinq à trente millions d’Indiens (sur une population totale de 287 millions) reçoivent quelques élémens d’instruction ; que douze ou quinze cent mille connaissent le bienfait d’une instruction primaire supérieure ; et que plus de cent mille suivent un cours d’éducation analogue à celui de nos collèges d’enseignement secondaire. Il résulte aussi des programmes que j’ai brièvement indiqués que l’on s’efforce de donner à l’enseignement du peuple un caractère scientifique approprié aux besoins d’une race agricole. Je ne retrouve pas ce caractère dans l’éducation des hautes classes, où domine exclusivement l’enseignement littéraire. L’enseignement scientifique ne possède ni le personnel, ni l’outillage nécessaire. Les collections sont rares, les laboratoires insuffisans. S’il y avait des professeurs, il n’est pas certain que ces professeurs trouvassent des élèves. Une seule Université, celle de Bombay, délivre des diplômes de bacheliers es sciences, et ces diplômes sont bien moins recherchés que ceux du baccalauréat ès arts. Une idée qui, a