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ses traditions. A moitié celtique, elle est germanique pour un quart, et, pour l’autre, méditerranéenne, ou, si l’on y tient, latine. En d’autres termes, elle présente une proportion supérieure de crânes courts aux cheveux noirs, mêlés à des crânes allongés de race blonde Scandinave et à des crânes également allongés de race brune méditerranéenne. C’est là une étonnante manière d’être « latin ! » En Espagne domine le type brun dolichocéphale des races méditerranéennes, avec mélange de Celtes et de Germains ; rien ne ressemble moins à la proportion du mélange français, où l’ordre des élémens est renversé. Trouverons-nous du moins la race latine sur la terre des Latins ? C’est avec raison qu’on a appelé l’Italie une région œcuménique, « rendez-vous séculaire de toutes les races humaines. » M. Gebhart y a montré le lieu de passage d’une « caravane éternelle, » Gaulois, Espagnols, Grecs, Asiatiques, Egyptiens, Juifs, Germains, Bretons, Africains, Goths, Lombards, Byzantins à Ravenne, Slaves à Venise, Allemands, Normands, Angevins, Sarrasins, etc. Cherchez dans ce pêle-mêle la « race latine ! » Ce qui a fini par dominer dans l’Italie moderne, au point de vue ethnique, ce n’est pas l’élément latin, c’est l’élément celto-slave à crâne large dans le Nord, avec de nombreux méditerranéens à crâne long dans le Midi. Du « sang » des Quintes, il ne reste aujourd’hui à peu près rien. C’est donc précisément l’élément latin qui manque le plus aux races dites latines, qu’il s’agisse des Italiens, des Espagnols ou des Français.

Les anthropologistes nous disent que les brachycéphales de France sont identiques aux Badois, aux Piémontais, aux Suisses, aux Bavarois, aux Albanais et aux Polonais ; or, ce ne sont pas seulement les langues qui diffèrent d’un de ces peuples à l’autre ; le caractère est au moins aussi différent : un Breton ou un Auvergnat ressemble-t-il à un Albanais ou à un Bavarois ? La race est donc secondaire, quand il s’agit d’une différence de quelques degrés dans « l’indice céphalique. »

Le tempérament, qui a une si grande influence sur le caractère, diffère beaucoup chez les différens peuples qu’on réunit sous la commune étiquette de néo-latins. Tandis qu’en France dominent les nerveux-sanguins, ce sont plutôt les nerveux-bilieux qui abondent en Italie, comme dans toutes les contrées méridionales et chez toutes les populations brunes à crâne allongé. Or on sait que ce genre de tempérament influe sur la sensibilité et donne