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ait les yeux ouverts sur ses finances, et que non seulement il en comprenne la situation présente, mais que l’avenir soit déployé devant lui. Etudions donc dans ses grandes lignes notre budget ; voyons à quelles dépenses il doit pourvoir, et de quelles recettes il se nourrit ; jetons ensuite un coup d’œil sur quelques pays étrangers, et de cette comparaison essayons de tirer un enseignement utile, qui puisse avoir quelque influence sur les choix que chacun de nous est appelé à faire des députés chargés de gérer la fortune nationale : c’est en effet là leur principal rôle, celui dont ils devraient le moins possible s’écarter et qui justifie leur existence en limitant leur champ d’action. Cette étude, en ce qui concerne notre pays, nous est rendue plus aisée qu’à d’autres époques par un certain nombre de documens que M. Gaillaux a insérés dans l’exposé du budget de 1900. Pénétrons avec lui dans les milliards de nos comptes publics ; récapitulant d’abord une partie du siècle qui s’achève, cherchons à donner une idée de la progression de nos charges qui, pour la dernière année du XIXe siècle, n’est pas moindre de 43 millions de francs par rapport à sa devancière : 3 522 millions en 1900 contre 3 477 en 1899. Et encore le chiffre de 3 522 millions devrait-il être augmenté de 70 millions de subventions et avances pour travaux de chemins de fer, que les compagnies dépensent pour le compte de l’Etat, et que celui-ci leur remboursera au moyen d’annuités qui grèveront nos futurs budgets.

Les dépenses publiques peuvent se diviser en quatre classes : dette, armée et marine, services civils, et enfin dépenses qui ne sont que la contre-partie de recettes, comme celles des monopoles et exploitations industrielles de l’Etat. Un tableau fort instructif, intitulé « Mouvement des budgets de 1869 à 1900, » nous montre la progression, depuis trente ans, de nos dépenses, dont le total général est établi, en y comprenant à la fois les dépenses du budget ordinaire, et celles qui faisaient autrefois l’objet de comptes spéciaux, tels que budget des chancelleries, de la Caisse des Invalides de la marine, pensions de la marine, de la Caisse d’amortissement, sur ressources spéciales, des téléphones, dépenses de l’Annam, du Tonkin et de Madagascar. Nous n’avons plus, en effet, de dépenses effectuées sur ressources extraordinaires ou sur fonds d’emprunt ; plus de budget extraordinaire, ni de comptes de liquidation ; les constructions scolaires, les subventions extrabudgétaires aux chemins vicinaux, les garanties d’intérêt aux