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LE BUDGET DE 1900


I

Le budget de 1899, trois fois remanié par trois cabinets différens, a fini par être voté au mois de juin de l’année à laquelle il s’appliquait, c’est-à-dire avec un retard d’au moins six mois sur l’époque la plus tardive à laquelle il aurait dû être approuvé par le Parlement, si celui-ci restait fidèle à l’esprit de notre constitution. Il a fallu autoriser à plusieurs reprises la perception d’impôts qui n’avaient pas encore reçu la sanction législative, c’est-à-dire accorder des douzièmes provisoires, détestable pratique financière, aveu de faiblesse et de désordre. Le ministre des Finances, après avoir réclamé le concours le plus énergique de ses collègues pour établir les prévisions et dresser le plus tôt possible le budget de la dernière année du XIXe siècle, vient de déposer le projet de loi qui en porte fixation pour l’exercice 1900. La commission du budget est réunie et délibère sur les propositions ministérielles.

Le moment n’est peut-être pas mal choisi pour jeter un coup d’œil sur ce document et pour évoquer, à propos de cet examen, les graves problèmes qui se rattachent aux finances publiques, pour rappeler les principes qui devraient présider à leur gestion et qui, il faut l’avouer, paraissent singulièrement méconnus de la plupart des hommes politiques qui se succèdent dans nos cabinets : ils ont eu d’ailleurs pour excuse à la médiocrité de leurs vues le peu de temps qu’il leur a été donné de rester au pouvoir. Chaque jour à la merci d’un orage parlementaire, ils n’ont guère eu le loisir ni surtout le calme d’esprit nécessaire à la conception d’un plan, comme en exige la conduite des affaires publiques, et