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chinois s’adresserait à elle pour le prolongement de la voie ferrée « dans la direction de Nan-ning et de Pé-sé.  » Le même acte diplomatique stipulait que l’administration impériale exécuterait les travaux nécessaires à l’amélioration des routes fluviales et terrestres qui conduisent du Tonkin à Yun-nan-fou ; « faculté sera donnée, était-il dit encore, d’établir une voie de communication ferrée entre la frontière de l’Annam et la capitale provinciale, soit par la région de la rivière de Pé-sé, soit par la région du haut Fleuve Rouge.  » Enfin, après le meurtre du père Berthollet, au Kouang-si, le gouvernement français reçut du Tsong-li-Yamen l’assurance formelle que « seule la compagnie française ou franco-chinoise pourra construire tous chemins de fer ayant Pakhoï pour point de départ[1].  » Ainsi nous disposions de toutes les principales voies de pénétration vers le Yun-nan ; nous avions, pour ainsi dire, un choix de chemins de fer ; l’important était de se décider pour l’un ou pour l’autre et de commencer en hâte les travaux, car les Chinois, gens pratiques, sont étonnés de toutes ces demandes qui souvent restent sans effet ; lorsqu’ils auront vu achever l’une des lignes et qu’ils en auront compris l’utilité, il sera beaucoup plus facile d’obtenir d’eux des avantages nouveaux.

La ligne de Pakhoï à Nan-ning est évidemment la moins urgente. Il nous suffit pour le moment d’avoir pris, en quelque sorte, une assurance contre l’immixtion possible d’une puissance étrangère dans le golfe du Tonkin, et d’être sûrs que, si une voie ferrée doit partir de Pakhoï, elle sera française ou franco-chinoise. — Au contraire, la Compagnie de Fives-Lille pousse les travaux de la ligne de Lang-son à la frontière et à Long-tchéou ; mais il a fallu d’abord refaire l’ancienne voie ; elle n’avait que 0m, 60 de largeur, on lui donne 1 mètre ; si, dans un avenir que l’on peut entrevoir, nos chemins de fer annamites se relient aux grands réseaux chinois, il faudra, par une troisième transformation, adopter l’écartement normal. C’est ainsi que nous entendons les économies ! — Long-tchéou n’est qu’une bourgade de 5 000 habitans, dont le trafic insignifiant ne saurait assurer à notre chemin de fer un fret suffisant ; c’est jusqu’à Nan-ning qu’il faut nous hâter de pousser la ligne nouvelle. Là seulement il sera possible d’opérer, au profit de nos ports tonkinois, une dérivation du courant commercial qui suit le Yéou-kiang. Mais

  1. M. Pichon à M. Hanotaux. Livre jaune, n° 73 (28 mai 1898).