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La terre que je cultive à Grignon est plutôt légère que forte ; c’est pendant les années pluvieuses que j’y obtiens les récoltes maxima, jamais on ne la chaule ou ne la marne ; j’ai voulu cependant savoir ce que produirait sur cette terre un chaulage modéré : l’effet a été désastreux, la terre de la parcelle qui l’avait reçu a été gâtée pendant plusieurs années, les récoltes y ont beaucoup baissé.

Une longue expérience a appris aux praticiens sur quels sols, l’épandage des amendemens calcaires est avantageux, ils ne s’y trompent pas.


II. — ACTION DES AMENDEMENS CALCAIRES SUR LES PHOSPHATES ET LA POTASSE DU SOL

Quand on a sous les yeux l’analyse d’une terre arable, qu’on y voit, par exemple, qu’un kilogramme renferme un gramme d’acide phosphorique et autant de potasse, puis qu’après avoir multiplié par 4 millions, qui représentent approximativement le poids de la couche superficielle d’un hectare, on compare les nombres ainsi obtenus à ceux qui représentent les exigences des récoltes, on est étonné que les engrais soient efficaces. Une bonne récolte consomme de 60 à 100 kilos d’acide phosphorique ou de potasse, la terre en renferme souvent plus de 4 000 kilos, et cependant l’addition des engrais phosphatés est très souvent avantageuse et celle des engrais de potasse quelquefois.

Visiblement les phosphates du sol sont inertes, insolubles, inutilisables par les végétaux, au moins dans une large mesure, puisque, au stock énorme que le sol renferme, il est utile d’ajouter les 60 ou 70 kilos d’acide phosphorique soluble qu’amène une fumure de 400 à 500 kilos de superphosphates.

C’est qu’en effet les phosphates se présentent sous des formes très différentes les unes des autres ; le phosphate de chaux, très répandu à la surface du globe, est parfois en masses dures, compactes, désignées sous le nom d’apatite, de phosphorite, parfois sous forme de noyaux noirâtres arrondis, ce sont les nodules, parfois enfin sous forme de sable ; à tous ces états, il n’est que très légèrement soluble dans l’eau, même aiguisée d’acide carbonique ; mais si, après avoir dissous ces phosphates minéraux à l’aide d’un acide énergique comme l’acide chlorhydrique, on sature cet acide par de l’ammoniaque ou de l’eau de chaux, on