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puis qu’on pèse, on ne trouvera qu’un poids bien inférieur à 11kg, 5, qui serait celui d’un litre de plomb fondu. Si de même on pèse un litre d’une terre ameublie, on trouve 1kg, 3 environ, tandis que, si on prend la densité de cette même terre, on arrive à 2,6. Dans l’un et l’autre cas, la différence est due à l’air interposé, occupant les espaces que laissent entre eux les plombs de chasse, entre elles les particules de terre.

Rien n’est plus important, pour assurer la croissance régulière des végétaux, que de conserver à la terre cette structure poreuse, ces espaces vides dans lesquels elle loge ses réserves d’humidité ; malheureusement, cette structure poreuse est sans cesse exposée à disparaître. Les particules de terre sont, en effet, composées de matières différentes les unes des autres, unies par des liens fragiles, qui se rompent aisément.

Nous avons montré, dans un article précédent[1], que la terre est formée d’un mélange à proportions variables, de sable, d’argile, de carbonate de chaux et d’humus, et que chacun de ces élémens contribue à donner à l’ensemble la stabilité utile à maintenir. L’humus produit par sa combustion, qu’activent les fermens de la terre, de l’acide carbonique, l’eau qui s’en charge dissout un peu de calcaire qui donne à l’argile de la stabilité, la coagule, l’empêche de se délayer, de se séparer du sable qu’elle recouvre. Tant que les particules conservent cette composition, la terre reste meuble, poreuse, non seulement la circulation de Pair et de l’eau est assurée, mais encore l’approvisionnement d’eau s’y maintient à un taux élevé représentant souvent du quart au tiers du poids total. Malheureusement, ainsi qu’il a été dit, cette association des divers élémens de la terre végétale est instable, elle est sans cesse menacée par une pluie quelque peu prolongée.

Pour en préciser le mode d’action, nous avons, M. Demoussy et moi, construit un appareil dont je rappellerai seulement la partie essentielle[2] ; un petit cylindre de verre rétréci à une de ses extrémités, une allonge comme disent les chimistes, reçoit dans sa partie étroite un disque de toile métallique recouvert d’une étoffe légère, puis 100 grammes d’une bonne terre franche ; l’appareil ainsi préparé est pesé. On le maintient vertical, puis on y fait tomber de l’eau en pluie fine ; elle descend au travers de la terre, on suit par le changement de teinte qu’elle présente les progrès de

  1. Revue du 1er juin 1898.
  2. Annales agronomiques, t. XXII, p. 49 (1896).