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des objections, pussent en dispenser leurs enfans. Ces principes ne sont autres que ceux qui avaient toujours été observés par la Société britannique.

Quelle est la valeur de cette instruction religieuse ? Les représentans de l’église anglicane et l’archevêque de Westminster la déclarent insuffisante et « non définie ; » ils voudraient qu’on enseignât le catéchisme de leur culte respectif aux plus jeunes écoliers. Il s’est même fondé une Société pour l’instruction religieuse, sous le patronage de plusieurs évêques, qui se propose d’obtenir la permission pour des ministres du culte et d’autres maîtres, spécialement accrédités par les différentes églises, de donner une instruction dogmatique dans les écoles de bureau scolaire.

L’expérience a été tentée par des inspecteurs diocésains dans plusieurs écoles de donner cette instruction le samedi, mais sans succès, les enfans ont peu à peu déserté.

D’autre part, un délégué du Manchester Guardian, qui a fait une enquête minutieuse sur soixante villages des comtés de Middlesex, Bucks, Kent, Cornouailles et Lincoln, a constaté que la plupart des parens étaient indifférens à la question d’une instruction dogmatique et qu’ils étaient satisfaits qu’on enseignât à leurs enfans le Credo, le Pater, les dix commandemens, quelques histoires et paraboles bibliques et qu’on leur apprît à chanter des cantiques[1].

J’ai assisté aux exercices religieux, dans l’école de bureau scolaire de Burleigh-road. Cinq cents garçons environ étaient debout, rangés dans un large couloir, servant de vestibule ; il y avait un petit orchestre formé de six violons, un violoncelle et un harmonium. A un signal donné par le directeur, tous entonnèrent un psaume, un cantique, puis on chanta l’oraison dominicale, et c’était un spectacle réjouissant de voir ces enfans, de tout culte, — il y avait même quelques israélites, — chanter à gorge déployée, sans qu’il parût à leur mine que ce fût à contre-cœur. Cela ne prit pas plus de dix minutes. Après quoi, ils se rendirent chacun dans leur classe, au son d’une marche. Les leçons de religion, auxquelles j’ai assisté dans deux classes, roulaient sur des passages des Evangiles et des Actes des Apôtres, et les maîtres, au moyen de questions bien posées et de commentaires empruntés à la vie familière, dégageaient la leçon morale, à la manière d’un père de famille intelligent avec ses enfans.

  1. Education in the Country Districts, Manchester. 1899.