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monotone et sans vie. Aussi, souleva-t-il des réclamations presque unanimes de la part du corps enseignant et produisit-il un grand découragement, en particulier chez les Sociétés, qui entretenaient des écoles. De 1861 à 1865, la subvention parlementaire tomba de 813 441 à 636 810 livres sterling, c’est-à-dire qu’elle diminua d’environ 1 104 000 francs par an. Il n’y eut donc que le Trésor public qui bénéficia du système Lowe.

Le mécontentement fut si général que conservateurs et libéraux prirent tour à tour des mesures pour en corriger les inconvéniens. Ainsi M. Corry, vice-président du Conseil privé dans le cabinet Derby (20 février 1867), introduisit un bill qui avait pour objet de venir en aide aux dépenses relativement plus fortes des petites écoles, d’augmenter le personnel enseignant en multipliant le nombre des élèves-maîtres, et enfin d’encourager les élèves des classes supérieures à passer l’examen sur des « sujets spéciaux » (élémens de science, langues vivantes). Cette même année, MM. Bruce, Albert Egerton et W. E. Forster présentèrent une nouvelle loi sur l’instruction des pauvres. En voici les dispositions essentielles :

La direction de l’école serait confiée non plus au vicaire anglican, mais à un Comité de district, élu dans les villes par le Conseil municipal et à la campagne par les contribuables. — Ce comité aurait le droit de lever des taxes locales. — La lecture de la Bible serait obligatoire chaque jour à l’école ; mais on réservait formellement la liberté de conscience des enfans de famille non-conformiste ou israélite. — Les écoles seraient subordonnées à l’autorité du département d’Instruction publique et des inspecteurs de la Reine.

Avant d’étendre ces règles à toutes les écoles primaires, le gouvernement anglais, suivant sa méthode constante, institua une nouvelle enquête qu’il confia à deux inspecteurs généraux. M. J. A. Fitch fut chargé de visiter les écoles de Birmingham et de Leeds, M. Fearon celles de Liverpool et de Manchester. Les résultats de leurs observations étaient à peu près concordans. Etant admis que le nombre d’enfans, d’âge scolaire, représente 1/6 de la population totale, les inspecteurs constatèrent qu’il n’y en avait que 16 p. 100 qui fréquentaient l’école. Par exemple, sur un total de 1 500 000 enfans inscrits sur les rôles scolaires, il n’y en avait que 1 152 389 faisant acte de présence. Non seulement le niveau d’instruction des écoles, qui n’étaient pas