Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 155.djvu/852

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’instruction primaire, la Chambre des communes, sur la proposition de lord Althorpe, vota une loi qui assurait l’instruction aux enfans de parens employés dans les fabriques. D’après cette loi, les quatre inspecteurs du travail devaient veiller à ce qu’il y eût une école auprès de chaque fabrique. Les parens devaient payer un penny par shilling du salaire des enfans pour la création et l’entretien de l’école. Les enfans de neuf à treize ans ne devaient être employés que s’ils présentaient une pièce justifiant qu’ils avaient fréquenté l’école deux heures par jour de la semaine écoulée. Cette même année, le Parlement accorda la première subvention de 500 000 francs aux écoles des deux sociétés existantes. Le crédit ne fut voté que par une majorité de 24 voix sur 66 présens et il avait été combattu par des hommes qu’on n’aurait pas crus des adversaires de l’école primaire : le philosophe J. Hume et le démocrate Cobbett. Le dernier déclara que le seul résultat du mouvement scolaire serait d’accroître le nombre des maîtres et maîtresses d’école, « cette nouvelle classe d’oisifs, » et il combattit le projet comme « digne des doctrinaires français et étant une tentative d’imposer l’instruction au pays. » La Chambre des lords eût sans aucun doute repoussé le bill : heureusement, comme le crédit était un crédit supplémentaire, on put se passer de son vote. Cette subvention était destinée à la construction de bâtimens scolaires. L’impulsion était donnée. Le mouvement continua dès lors sans interruption.

En 1835, la commission établie l’année précédente pour veiller à l’application de la loi des pauvres publia un premier règlement sur les écoles. D’après celui-ci, les garçons et les filles de tout workhouse devaient apprendre à lire, à écrire (on ajouta le calcul en 1847) et les principes de la religion chrétienne, trois heures par jour. Les tuteurs du workhouse étaient tenus d’engager à cet effet des instituteurs et institutrices, et devaient surtout respecter la liberté de conscience des enfans des dissidens.

Bientôt une troisième société vint s’adjoindre aux deux ci-dessus mentionnées : la Home and colonial School Society (1836), sous le patronage de la reine Victoria et du prince Albert. Cette dernière se proposait surtout de former des institutrices capables et des directrices de salles d’asile ; elle établit à Gray’s inn road une école normale avec des annexes modèles et, comme son titre l’indiquait, elle s’appliqua à former de bonnes maîtresses d’école et même des gouvernantes pour la Grande-Bretagne et les