Il n’est pas de spectacle plus douloureux ni plus émouvant que celui du trouble et du désarroi des âmes françaises au lendemain du crime de Louvel, à l’heure où Decazes, dépossédé du pouvoir et nommé ambassadeur à Londres, venait de partir pour la Gironde, première étape de cet exil à peine déguisé, auquel n’avait pu le soustraire la tendre sollicitude de Louis XVIII. De toutes parts, parmi les ultra-royalistes, avaient éclaté, avec plus de violence que par le passé, les vieux ressentimens qu’ils nourrissaient contre lui, contre sa politique, contre les hommes qui s’en étaient portés les défenseurs et contre le roi lui-même. C’est Decazes qu’ils accusaient de tous les malheurs de la France. L’ardeur fratricide des partis engendrait des alarmes non moins vives que leur fureur. De dramatiques incidens parlementaires avaient, au dehors, de sinistres échos et créaient d’autres périls : l’agitation de la rue, l’exaspération des gens de cour, l’altitude menaçante
- ↑ Voir la Revue des 1er juin, 1er et 15 juillet 1898.