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L’étude des moyens naturels de propagation de la peste a conduit aux résultats les plus curieux. Les questions qu’il faut résoudre sont les suivantes : Comment le bacille est-il introduit chez l’homme sain et passe-t-il du sujet atteint au sujet encore indemne ? Quel est l’agent intermédiaire qui porte le germe de l’un à l’autre ?

Sans doute l’air peut servir de véhicule et c’est le cas, ainsi que nous l’avons vu, pour la peste pneumonique. Les germes microbiens sont entraînés au dehors de l’organisme pestiféré par les sécrétions, les exsudais, le sang ou les humeurs. Mêlés, après dessiccation, aux poussières atmosphériques, ils peuvent être introduits par la respiration dans les voies aériennes d’un sujet sain, s’y cultiver, et, finalement, le contaminer. Nous avons vu que cette espèce de contamination engendrait la peste pueumonique, c’est-à-dire la forme du fléau qui est la plus grave.

Il semble, au premier abord, que ce mécanisme si simple doive intervenir constamment. S’il en était ainsi qu’il paraît, l’humanité ne résisterait pas au fléau ; elle ne tarderait pas à disparaître devant lui. Une particularité très importante de l’histoire du bacille pesteux s’y oppose ; c’est, à savoir, que ce microbe, une fois sorti de l’organisme contaminé et jeté dans le monde extérieur s’y détruit rapidement. Il résiste mal aux agens physiques ambians. Desséché, il ne tarde pas à périr. La plus longue survie a été de huit jours dans les expériences que la mission allemande a exécutées dans l’Inde. Dans nos climats, la durée de la survie s’est élevée à trente jours. Mais déjà, dès le dix-huitième jour, le micro-organisme a perdu la plus grande partie de son énergie virulente. L’action du soleil est particulièrement funeste au bacille : elle le désorganise en moins d’une heure, selon Kitasato. Ces deux influences combinées, de la dessiccation et de la lumière, anéantissent donc la majorité des germes extérieurs et défendent ainsi les hommes et les animaux contre l’extrême péril de la peste pneumonique.

L’histoire des épidémies a appris que la peste était transportée souvent, d’un lieu à un autre lieu lointain, par des vêtemens, du linge, des objets familiers qui avaient appartenu à un pestiféré.

Les exemples abondent de la diffusion de la peste et de son transport à grande distance par des matières inertes qui ont été en contact avec des malades, tels que linge, vêtemens, objets