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ils seront les maîtres du marché du tabac, ainsi qu’ils le sont, et le seront de plus en plus, des autres marchés.


V

Ce que nous venons de faire pour le sucre, le café et le tabac, nous pourrions le faire pour toutes les productions de l’île, végétales ou minérales. On pourrait le faire pour les dérivés du sucre, pour les mélasses et les miels, pour les alcools, les eaux-de-vie, pour le cacao, pour le coton et le cèdre, pour la multitude de fruits qui font l’opulente parure de Cuba : raisins, ananas, bananes, noix de coco, oranges, citrons, grenades, aguacates, guanabanas, etc. On pourrait le faire pour les réserves du sous-sol : fer[1], manganèse, cuivre, or et argent, plomb, charbon, asphalte. Mais ce serait un nouvel entassement de chiffres, et si pesant qu’il deviendrait aisément insupportable. Aussi bien nous n’avons pas aujourd’hui le dessein d’étudier à fond la Grande Antille sous tous ses aspects, ni même, en nous plaçant au seul point de vue économique, d’en tracer un tableau complet et détaillé. Trop d’élémens devraient entrer en ligne de compte : la population, les impôts, le budget, le crédit, la situation hypothécaire ; tout ce qui est moteur ou frein, ressort ou poids dans la vie d’un pays. Nous n’y toucherons pas. Ce n’est qu’un bref aperçu que nous avons voulu donner de Cuba ; moins qu’un jour, deux ou trois taches de lumière que nous avons essayé de jeter sur elle, pour dire ensuite : Ab uno disce omnes ; voici ce que l’île peut rendre rien qu’en sucre, café ou tabac, et elle peut rendre autant en mille autres choses. Cuba a des mines, mais Cuba elle-même n’est qu’une énorme mine agricole. Que n’en tirera-t-on pas, lorsqu’on se décidera à exploiter industriellement cette terre de toute richesse ?

Or, on y est maintenant décidé ; et ceux qui y sont décidés, et ceux qui en ont désormais toutes les facilités, ce sont les Américains

  1. Exploité déjà par trois compagnies américaines, the Juragua Iron Company, the Spanish-American Iron Company, the Signa Iron Company.